mercredi 29 février 2012

HISTOIRE DE LA SARTHE - LE CHEMIN MANSAIS


Ignoré….parce que complètement oublié !



Qualifié de « grand » parce que très important !

Dénommé par nos Ancêtres « voie de terre », par analogie à la « voie d’eau », précisant « un cours d’eau portant bateaux », c’est-à-dire une rivière navigable.

Cité semble-t-il pour la 1ère fois, dans un Polyptique du IXème siècle « Grant chemeing manczois ».

Un authentique chemin antique…….


Pour mémoire, nous avons écrit, et même réécrit à plusieurs reprises que ce chemin « Mansais » était pour les Sarthois, intéressés par leur passé :

  • une section d’une voie plus importante reliant à l’époque de la Gaule indépendante l’estuaire de la Seine - Rouen, à l’embouchure de la Loire - Angers- Nantes, via Evreux, Bellême, Le Mans, avec comme « point de rupture de charges : Allonnes »,
  • une portion de voie terrestre intégrée dans un ensemble de voies antiques, connectant les rivages de la mer du Nord voire de la Baltique à ceux de la façade Atlantique. Non seulement une voie d’échanges de matières premières et d’objets de l’artisanat du métal, mais également de circulation intensive dans les domaines culturels et rituels de -2.200 à -800 ans avant notre ère ; comme l’a exposé remarquablement Bénédicte Quilliec,
  • raccordé vers le XIIIème siècle à la route royale joignant Paris , capitale du Royaume de France, à Nantes-Paimboeuf, important arsenal militaire sur l’Atlantique, via Bellême, Bonnétable, Le Mans, La Flèche, Angers.

Nous allons donc dans ce texte nous intéresser tout particulièrement à ce « chemin Mansais », de son entrée dans le « Hault Mayne », c’est-à-dire dans la « Généralité de Tours », approximativement le département de la Sarthe actuellement, à sa sortie et on entrée en Anjou.

Blason de la Sarthe - ancien Haut-Maine



UN PREAMBULE S'IMPOSE......

La lecture et l’examen de plusieurs pièces et d’actes épars tant à la Bibliothèque Nationale de France à Paris, qu’aux Archives Nationales à Paris, et dans différents Centres d’archives départementales concernant spécifiquement les voies anciennes, démontrent que ce chemin n‘a pas retenu l‘attention indispensable il a été simplement cité, dans certains écrits.

Si l’on remonte dans le temps, si l’on prend en considération les remarquables analyses de plusieurs thèses déposées, portant essentiellement sur les voies de communication pré-romaine, force est de constater, et d’admettre que ce chemin terrestre, qualifié de « Grand » dans sa section Sarthoise ( c’est-à-dire dans sa traversée en diagonales du Haut-Maine ), est en réalité une section inscrite dans un axe Nord-est / Sud-ouest beaucoup plus important, reliant le point de franchissement - rive gauche de la Seine, à celui de la rive droite de la Loire.

Cet examen nous a dévoilé que l’histoire de cette voie, ne pouvait pas être conjecturale.

L’analyse réflexive de documents authentifiés, de découvertes archéologiques, de vestiges répertoriés, n’a pas été cependant la seule condition d’une nouvelle approche, nous incitant à réaliser une nouvelle étude revue, corrigée et augmentée. L’éventail méthodologique, s’était élargi et affiné, permettant remonter l’histoire de ce chemin, sur une plus longue durée dans le temps.

Le grand savant que fut Joseph Déchelette, a réalisé une remarquable étude sur l’âge du bronze avant d’être fauché par la guerre franco-allemande de 1914-1918. En annexe de son célèbre ouvrage arrêté, à la date de 1910, les listes de ce que l’on a longtemps appelé les « dépôts de fondeurs ».

La carte qui accompagne son étude, précise les dépôts de moules et de matières de refontes, les routes suivies par les minerais de cuivre, d’étain spécialement le long des côtes de la Manche, et de l’Atlantique entre la Gironde et l’estuaire de la Seine, l’itinéraire utilisé entre celui de la Loire et le Pays Basque Espagnol, centre des fabuleuses mines de cuivre de La Haya, selon Henri d’Arbois de Jubainville et Camille Jullian ; précisant parfaitement les concentrations exceptionnelles.


Nous avons constaté, que bien avant la première intervention militaire romaine, en 125 avant notre ère, le commerce avec les Étrusques, puis avec les Grecs avait eu une incidence considérable sur l’organisation de la vie des habitants de la Gaule indépendante, cette précision étant indispensable. Le cuivre, le zinc, puis le vin, eurent ainsi des fonctions beaucoup plus larges que celles qu’on leurs assignent habituellement, avec d’autres produits locaux gaulois. Le commerce joua donc un rôle majeur dans la confrontation des deux civilisations celle rurale des Gaulois , et celle urbaine des Romains.

Il y a bien longtemps que la recherche en France, et dans un passé plus récent avec K.G. Hirth, ont étudié la circulation des biens dans la Gaule , insistant sur l’idée de ruptures de charge, de passage de la voie d’eau à la voie terrestre ( ou inversement, nous avons localement un exemple typique : Allonnes ). Elle permet cependant d’expliquer convenablement la mise en place et l’existence d’un chevelu de voies distributrices qui ne trouve pas que sa raison d’être dans le réseau fluvial, si largement exploité dans l’Antiquité ( Aristote - Météorologiques - t.II, 5, 362 a et b ). À la date de 480-470 avant notre ère, le commerce des Grecs en Gaule était actif, s’agissait-il réellement d’un commerce ou de la conséquence d’un colportage tout à fait traditionnel ( J.M. Séguier , M. Vidal - 1992, p.436 ). Quoiqu’il en soit, un constat s’impose, il y avait bien circulation de marchandises. ( M. Benabou - 1967 , 3-6 ) ; ( Scholiaste de Juvénal dans Scholia in Juvenalem veteriora, p.11-12 ), nécessitant un réseau parfaitement structuré et aménagé de chemins, appelés « voies Gauloises ».


« Strabon rapporte, il existe quatre liaisons d’usage courant pour se rendre « du continent sur l’île de Bretagne, dont les points de départ sont les « embouchures du Rhin, de la Seine, de la Loire , de la Garonne ».

Un passé que l’archéologie partiellement aujourd’hui restitue dans son intégralité.

Suite à la saignée opérée par César et les occupants romains, les Gaulois se reprirent, ce n’était pas les hommes quelconques, couverts de peaux de bêtes, habitants dans des huttes primitives que les manuels scolaires présentent à nos chères têtes blondes, ni des vaincus acculturés prêts à s’incliner devant la splendeur des décors urbains ou des autres formes de la dite « supériorité » romaine. Au Concile de Reims en 70 de notre ère, tout fut dit, les Gaulois n’étaient pas devenus des Gallo-Romains, terme contemporain inventé, mais des Romains occupants les provinces des Gaules, selon Danièle et Yves Roman.

Singulier destin, que celui de nos Ancêtres les Gaulois, répudiés par la postérité.



Section authentifié du " Chemin Mansais" sur la commune de Guécélard. Non bitumé, encore caillouté, bordé de chênes peut-être quadri-centenaires........un patrimoine - photo A.G.


Camille Jullian a écrit ( p.40-41, Leçons du Collège de France - 1918 ),
« Faut-il, après tout admirer sans réserves l’Empire Romain ? la beauté de son édifice nous fera-t-elle oublier sur quelles ruines il s’est élevé ? Rome a détruit la Gaule celtique, si gaie, si curieuse, si chevaleresque, qui s’épanouissait à la vie intellectuelle sous les chants de ses bardes et les leçons de Marseille…. ».


Carte schématisant le " Grand chemin Mansais " au XVème siècle, coupant en diagonale Nord-est / Sud-ouest le Haut-Maine ( notre département- actuel ) - document personnel



DES " VOIES DE TERRE " PREHISTORIQUES ou PROTOHISTORIQUES, NOMMEES PAR NOS ANCETRES LES GAULOIS " CHEMINS ".

Il existe donc non seulement dans l’Ouest de la France, mais également dans l’ensemble du territoire français, et dans toute l’ Europe, dès la préhistoire, des groupes humains qui, sans être forcément proches les uns des autres, ont des pratiques communes.

Même dans les régions les plus éloignées, les hommes ont des habitudes culturelles ou artisanales très similaires, ce qui prouve l’existence d’échanges, de circulations sur de très longues distances, sans qu’il y ait nécessairement des intermédiaires.


Les fleuves et les mers ne sont plus des contraintes géographiques, mais bien des voies naturelles de circulations, depuis longtemps couramment utilisées.

La route de terre dénommée " voie de terre ", devenue " chemin " ; quelle que soit son importance, est un important élément structurant solide et durable du paysage. Tout comme l’habitat urbain s’organise autour de la rue, les campagnes s’organisent sur le chemin, qui deviendra avec le temps : la route. .

Jusqu'en 1870, le chemin dit " Mansais " fossilise l'environnement, il devient la véritable « épine dorsale » de la mise en valeur des terroirs avoisinants, scellant de fait son ancrage dans le paysage.

Ainsi, même sur le très long terme, il est extrêmement difficile de faire disparaître la trace d’un chemin sans modifier tous les éléments du paysage gravitant autour de lui. De tels changements parcellaires même limités à un axe donné, impliquent une décision totalement collective de tous ses riverains, puisque toutes les parcelles sont concernées dans leur accès, dans leurs orientations, ou encore une décision imposée par un pouvoir supérieur. Cela implique a une très grande stabilité des axes depuis l’antiquité.*

* Nos références : G. CHOUQUER « Aux origines antiques et médiéval des parcellaires » - « Histoire et Société rurales - 1995 - pp.24-28» ; D. PICHOT « L’occupation du sol en pays bocagers - Sources textuelles et cartographiques dans le Bas-Maine du Xème au XIIIème siècles - Enquêtes rurales - 1998 - p.26 »



A LA REDECOUVERTE D'UN " VIEUX CHEMIN " .....OUBLIE.

En matière d’hodographie, plus encore que dans toutes autres études spécifiques, l’insuffisance de précisions des textes compulsés, la discrétion des découvertes archéologiques dans certaines régions traversées, imposent de multiplier les sources apportant des renseignements complémentaires indispensables. Chacunes d’elles demandent à être exploitée avec précaution si l’on ne veut pas confondre les voies des XVIIème et XVIIIème siècles avec les chemins médiévaux superposant des chemins antiques, et les modestes sentiers locaux avec les axes plus importants.

La méthode qui a été utilisée est une méthode régressive qui consiste à partir de documents d’archives départementales et nationales, de plans anciens et cadastraux du XIXème siècle, l’étude des livres terriers et des actes médiévaux riches en détails. Le risque de déboucher sur des faits imprécis est inévitable, l’égarement dans l’investigation est permanent : d’où pour certains historiens l’existence emblématique de mythiques voies romaines, dans les portions de voies anciennes rectilignes.

Il est nécessaire d’établir une corrélation entre les différents textes d’archives d’abbayes, souvent bénédictines, et les épures des premiers plans cadastraux, napoléoniens.

Le Chemin Mansais, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est pour tout Sarthois curieux de son patrimoine et de son historiographie ; un chemin qui ne peut le laisser indifférent, tout son parcours réserve de multiples surprises.

Effleurant la Normandie, rasant le Perche, coupant le Haut Maine, c’est à-dire le département de la Sarthe, en diagonale, nous le précisons, nord-est / sud-ouest, au travers l’Anjou il progresse vers le fleuve royal : la Loire, qu’il franchit aux Ponts-de-Cé …….le bout du monde, pour nos lointains Ancêtres. Nous l’avons reconstitué pour partie, grâce à des documents d’archives départementales et nationales, validés par des découvertes archéologiques.


Au sud du grand fleuve , presque parallèle à la côte Atlantique il se poursuit jusqu’au Pays Basque espagnol, l’autre côté des Pyrénées - la route du cuivre de La Haya chère Camille Jullian. Vers le nord-ouest au-delà de Beauvais après avoir passé le Seuil du Vermandois *, traversant les marécages de Liège, il semble poursuivre son parcours vers les côtes brumeuses de la Baltique.

* Seuil du Vermandois, alt. Inférieure à 150 mètres, entre le Bassin Parisien et le Bassin Flamand. Voie de passage, pour les canaux de Saint-Quentin et du Nord.
Dans cette région septentrionale de la France, les routes millénaires d’invasions sont ancrées dans le paysage.

À l’extrême limite de l’Île-de-France, se dresse orientée vers l’est, une falaise de craie débutant dans la région de Fontainebleau, se prolongeant vers le nord jusqu’aux limons et argiles du Vermandois et de la Thiérache ( nord du département de l’Aisne ). La convergence des rivières vers le centre du Bassin Parisien, cette falaise est entaillée par les rivière, faisant apparaître de tantôt de véritable massifs escarpés, tantôt des plateaux bien distincts, surplombants les vallées, constituant autant de couloirs perpétuels d’invasions. Ce fut les Indo-européens, puis les Celtes, un peu plus tard les Frances, et les derniers date « juin 1940 ».

L’axe principal de pénétration au nord du Seuil du Vermandois, est formé sur des plateaux, des pénéplaines et des plaines par les corridors où coulent la Sambre débouchant sur le Maubeugeois ; l’Escaut et le Cambrésis, la Scarpe, la Deûle, et la Lys, qui côtoient les Flandres, lesquelles s’étendent au-delà de Lille développent une complète platitude. Cette grande plaine nordique, terre d’élection des plus célèbres invasions de notre Histoire.

Entre Le Mans et Angers, déclassé en 1767, lors de l’ouverture de la grande route royale Paris-Nantes par Chartres, Nogent-le-Rotrou, Le Mans, dénommée R.26, devenue R.N.23, puis R.D.323. L’ancienne route de Paris-Nantes, via Bellême, Le Mans. La section entre Bellême et Le Mans après avoir été la R.D.1, est dénommée la N.138 bis.

Nous avons reconstitué par l’intermédiaire de documents, de plans , de cartes antérieures à 1950, le tracé de ce chemin en aval du Mans jusqu’aux Ponts de Cé, l’urbanisation extensive de La Flèche et d’Angers et les réalisations autoroutières du Maine et Loire, ne nous permirent que partiellement de le suivre ; en ce qui concerne l’amont, nous avons pu non seulement le reconstituer, mais également l’emprunter dans sa quasi-totalité jusqu’à Beauvais. Cette étude ne serait pas complète si elle n’était validée. Les ruines , les vestiges, les traces, les nécropoles avec mobilier funéraire, les nombreux objets archéologiques découverts et authentifiés attestent de l’antiquité de ce chemin,. Ils sont exposés dans des musées nationaux et régionaux. Des questions alors se posent,

Les chemins représentent-ils un élément de notre patrimoine communal ?

Faut-il redonner vie à cet antique chemin, malgré l’oubli dans lequel on le maintient ?

Le chemin" Mansais " est cité dans des actes aux A.N.de Paris et à la B.N.F. de Paris,

- Chemin Menseis en 1345,
- Grant chemin mansays en 1404,
- Grand chemin maczois en 1407,
- Grant chemin mansay en 1464,
- Grand chemin Mansais en 1553,
- Grand chemin d’Angers à Paris en 1574 et 1650,

nous avons également relevé dans

- Polyptyque de l’Abbé Irminon, daté du IXème siècle
- Actes de 1110, cartulaire de l’abbaye de Saint Aubin d’Angers
- Actes de 1117, cartulaire de l’abbaye de Saint Sulpice de Rennes
- Actes de 1151, cartulaire de l’abbaye de Saint Sulpice de Renne
-Actes de 1205, documents de Saint Mesmin de Micy près d’Orléans

et dans de nombreuses autres dont : Archives départementales de la Seine-Maritime ( 76 ) ; de l'Eure ( 27 ) ;de l'Orne ( 61 ) ; de la Sarthe ( 72 ) ; du Maine-et-Loire ( 49 ),



POURQUOI LE MOT " CHEMIN " A-T-IL ETE EMPLOYE ?
POURQUOI CE MOT S'EST-IL PERPETUE ?

textuelles directes………

La route est une création de l’homme, après avoir élaboré le chemin.

Bien avant, il n’y avait que des traces formées le plus souvent par la répétition des passages : des sentes devenues des pistes tracées par les animaux se dirigeant vers les points d’eau pour s’abreuver et brouter les végétaux subaquatiques, et particulièrement tendres, lorsque les troupeaux des animaux migraient.

Les chemins, naquirent des pistes nées du piétinement des animaux et des chasseurs-cueilleurs qui les suivaient. L’homme du Paléolithique, élabora des itinéraires de chasse, pour se ravitailler en matière première indispensable à la fabrication d’outils lithiques : le silex , pour la subsistance quotidienne de son groupe familial.

La pierre, est plus souvent le silex utilisés pour la fabrication des armes et des outils lithiques présentaient de très sérieux inconvénients. La dimension des outils, leur forme étaient subordonnées par les exigences de la taille ou du polissage au Néolithique. De plus ils étaient relativement fragiles, lorsqu’ils se brisaient, il fallait obligatoirement retrouver et débiter de la matière première de qualité et en tailler de nouveaux.



Affleurement de calcaire à silex qui a en son temps été vraisemblablement exploité


Bloc de silex, qui a été utilisé comme " nucleus ", des prélèvements ont été effectués


Biface en silex gris fumé - longueur 11,6 cm. - Culture Acheuléenne - collection C. L'Huissier


Burin à museau- longueur 15,9 cm. - Culture Magdaléenne - collection C. L'Huissier


Deux tranchets en silex beige dit de Vion - celui de gauche = 4,7 cm. ; à droite = 4,8 cm. - Culture Azilienne - collection C. L'Huissier



C’est à Polype ( mort vers 118 avant notre ère ), que nous devons les impressionnants progrès des connaissances de la géographie historique et des itinéraires de l’Antiquité.

Dans la Géographie ancienne historique et comparée des Gaules, réalisée par le Baron Walckenaer - tome I, 2ème partie, chapitre II, page 400, l’auteur nous précise plusieurs voies terrestres partant de Lutetia - Paris vers Autricum - Chartres et également vers Durocasses - Dreux, confirmant l’exactitude de la Table de Peutinger. Cette voie pré-romaine qui se poursuit vers Le Mans, désignée sous le nom de Mitricum, en lieu et place de Subdinnum ; suite à une erreur du copiste.

Selon les mêmes sources Ptolémée , dans son ouvrage sur les itinéraires, étend par erreur le territoire des Aulerci-Ebuvorices - Aulerques Ebuvorices de la Seine à la Loire, incluant les Aulerques Cenomans et les Andes. L’erreur, est minime puisque, en réalité les Ebuvorices appartiennent au peuple des Aulerques regroupant outre les Andes de la région Angevine, les Cenomans de la région Mancelle et la vallée de la Sarthe, les Diablintes de Jubleins - Jublains et la vallée de la Mayenne, les Lexoviens, de la région de Lisieux et la vallée de l’Avre, et les Ebuvorice de la région d’Evreux et la vallée de l’Eure.

Dans " Notitia provinciare Galliae " - collection des Histoires de France, tome III, au lieu de civitas Eburovicum on lit civitas Ebroïcorum. Dans le haut Moyen Âge, Évreux, ou plus exactement le Vieil-Évreux était cité sous la nom de Ebroas ou souvent Ebroïcoe. Le Vieil-Évreux était situé à environ une lieue de l’Évreux moderne que nous connaissons. Il est largement prouvé que le Vieil-Évreux, existait déjà au bronze moyen et qu’une voie le traversée reliant Rotomagus - Vieil-Rouen, non loin du franchissement de la Seine, à Subdinnum - Le Mans. Cette voie a été utilisé par l’armée romaine, et cité dans Bellico Gallico ( la Guerre des Gaules ) - commentaires de J. César lui-même.



UN MOT GAULOIS, POUR DESIGNER UNE " VOIE GAULOISE ".....

Notre langage dans son évolution a rompu avec l’origine pour assigner au mot : chemin, une place secondaire, pour ne pas écrire, très accessoire. Ce mot chemin est progressivement devenu dans esprits modernes : une chose insignifiante. Il est encore de nos jours de préférence de terre ou empierré. De ce fait , il devient en latin courant : perretum, soit : chemin empierré.

Chemin, est un nom qui émane exclusivement du gaulois « céimmen », qui signifie dans cette langue : « il marche, il va, il se déplace… », dont le verbe dérivé est : aller, marcher, se déplacer. Par nature il est généralement en terre ou empierré, lorsqu’il est goudronné il prend invariablement le nom de « route ». Le modernisme a placé automatiquement le chemin entre la route et le sentier. Il a été latinisé, par les inconditionnels de la Civilisation romaine en : « camminus ».

On le trouve assez souvent cité dans des actes des Cartulaires des grands abbayes médiévales ayant détenu des terres dans le Haut-Maine. Il est indiqué comme confronts des parcelles, ou des biens, ou des droits stipulés dans des actes. Ce sont évidemment des mentions excessivement précieuses qui nous renseignent sur la topographie et la chronologie des itinéraires anciens, quelques irrémédiablement disparus.



Portion d'un tronçon du " Chemin Mansais" avant sa modification vers le Prieuré de La Fontaine-Saint-Martin. Deux bornes existent toujours - photo A.G.

Le chemin est également utilisés comme limite. Nos Ancêtres les Gaulois Aulerques l’ont beaucoup utilisé, traduit en latin : « limes », il désigne spécifiquement « une limite, une frontière - chemin ». Dans les plusieurs plans terriers, dans les Centres d’Archives départementales de nombreux documents l’utilise comme repère de base, comme délimitation immuable. Historiquement, la route s’est nettement écartée de la dénomination du chemin parce théoriquement plus large dans son origine latine : « via rupta », en latin médiéval est un terme apparu au XIIIème siècle.

En incorporant l’aspect de « percée » du latin classique « rumpere », elle désigne d’abord une grande allée percée dans une forêt, et se rapproche ainsi du terme : « laïa », qui précise un sentier rectiligne en forêt en bas-latin roman. Les chemins d’origines à partir de « voie de terre antique » : équivalents à nos routes nationales - grandes communications à trois ou quatre voies ; sont souvent cités dans les actes des Annales du royaume de France ; à l’exemple du « Grand chemin Mansais ».

Afin de sélectionner le seul axe qui nous intéresse, une approche lexicologique peut apparaître séduisante considérant que les termes employés dans les textes et surtout les actes authentifiés du Moyen Âge, sont le reflet plus ou moins direct de l’importance exacte de cet axe. Une « strata » serait plus importante qu’une « via », et a fortiori, nettement plus qu’un simple « caminus », celui-ci à un « itinere » ; pour les principales appellations utilisées. Or le terme de « strata », a été notifié dans les textes mérovingiens des A.N. et de la B.N.F. de Paris.

Cette approche lexicologique est globalement valable pour la période antérieure au XIIème siècle, elle devient au contraire sujette à caution, voir largement stérile pour les derniers siècles du Moyen Âge. La prudence devient une règle absolue.


A ces appellations employées par le scribe rédacteur du document, il convient d’examiner minutieusement tous les ajouts, et la topographie lorsqu’un plan et joint à l’acte initial. A l’inverse des ambiguïtés lexicologiques, les termes qualificatifs sont des termes excessivement utiles pour juger de l’importance du trafic, sur une petite portion, ou un parcours nettement plus importants.

Depuis 823 / 828, - polyptyque de l’Abbé Irminon, des actes nous dévoilent des renseignements développés sur ce chemin. Ils sont souvent indiqués comme confronts, servant de repères dans la situation de parcelles, ou des biens et des droits dont il est question dans le texte. Ce sont ces mentions qui nous éclairent le plus exactement sur la topographie, et la chronologie des événements qui s’y sont déroulés.

Ainsi, des Polyptiques, des Cartulaires de l’abbaye de Saint-Germain-des Près, nous ont dévoilés l’importance du trafic par la " voie de terre " : Angers, Le Mans, Bonnétable, Bellême, Châteauf-en-Thymerais Paris dès le VIIIème siècle, et se ralentissant vers le XIIIème.

En effet, le chemin y est signalée, en des points donnés, et en des lieux qu’il est de nos jours souvent pas possible de localiser. Il est toutefois nécessaire d’être prudent sur ces informations et de les contrôler avant de les exploiter. Le principal problème de la mention directe concernant ce chemin est celui afférent à l’itinéraire indiqué dans l’acte. En effet, nombreuses sont les parcelles confrontées par de modestes voies locales ne reliant que le village aux champs ou encore deux paroisses proches l’une de l’autre. Dans ces conditions, il faut bien veiller à ne considérer que les mentions portant explicitement sur les principaux itinéraires. Ils sont généralement désignés par une origine et une destination lointaine : par exemple : la route de Paris à Nantes par Bonnétable, La Flèche, Ingrandes ; laissant supposer qu’il s’agit bien d’un trafic dépassant le cadre des circulations locales.



SI BESOIN EST....J. CESAR LUI-MÊME ATTESTE QUE CE CEHMIN EXISTAIT BIEN AVANT L'INVASION ROMAINE.

Prenant essentiellement pour base fondamentale les comptes rendus de campagne, les mémoires du général en chef romain : Jules César, lors de la conquête de la Gaule qui dura huit ans, nous écrivons :

  • I° : que la 2ème année de ce qui fut appelé et toujours désignée, comme la Guerre des Gaules ( Bello Gallico ), c’est-à-dire " les Commentaires rédigés par le général Romain lui-même, sur ses campagnes en Gaule indépendante ", et se situant en 57 avant J.C., livre II, chapitre XXXIV, intitulé : Soumission des peuples de l’Atlantique.
Commentaires : le légat romain de César, P. Crassus, commandant la 7ème légion ( environ 7.000 hommes, plus de la cavalerie qui ouvrait la marche ), suivit par long et lent convoi de chariots lourdement chargés du ravitaillement et des équipements ; quitta le gros de l’armée romaine faisant le siège de Namur sous le commandement de César lui-même. Par le Seuil de Vermandois, et Beauvais, cette petite armée franchit la Seine à proximité de Rouen, à Uggade - Pont-de-l‘Arche (1), par Evreux.

Il est acquit que P. Crassus, l’archéologie l’ayant authentifié, a emprunté la voie gauloise reliant Rotomagus - Rouen à Ebroïcoe - Vieil-Évreux - sur la Table de Peutinger nous avons 20 lieues gauloises - 30 milles romains, il prit alors l’embranchement de droite, c’est-à-dire la voie de Corrialum - Vieux-Cherbourg, par Noviomagus - Lisieux : 17 lieues gauloises ; Civitas Viducassium - Vieux : 25 lieues gauloises ( ce village est situé toujours sur cette Table à 5.000 toises au Sud-ouest de Caen ; puis Augustodurus, Civitas Baiocassium - Bayeux, village sur (la rivière, et poursuivis vers Araegenus - Argentan : 24 lieues gauloises ; Nudionum - Jublains : 40 lieues gauloises, et Juliomagus - Angers, pour passer l’hiver.

Jules César nous dévoile non seulement les lieux de franchissement par ponts du Rhin, de la Meuse, de la Seine et de la Loire, mais également l’existence de voies terrestres suffisamment structurés pour pouvoir supporter un trafic important, des véhicules lourds. Ce réseau était non seulement conditionné, mais également et surtout remarquablement conçu, puisque Crassus après avoir quitté Namur en juillet 57, à pied il se retrouvait avec sa petite armée en septembre 57 aux Ponts de Cé, à proximité d’Angers, et cela après avoir essuyé de nombreux accrochages, et livré deux combats importants. Il ne faut pas oublier que les chariots tirés par des bœufs était d’une lenteur indescriptible, qu’il ne pouvait être sans la protection rapide de la légion qui le précédait.


  • : que la 8ème année, de cette guerre de la conquête de la Gaule - c’est-à-dire en 51 avant J.C. livre VIII - chapitre XXVII -
Commentaires : au printemps 51 avant notre ère, après la défaite d’Alésia, la victoire n’est pas acquise pour César, les Andes, région d’Angers, se révoltent assister de peuples voisins. C. Fabius, légat romain quitte ses quartiers d’hiver à Caesaromagus - Beauvais avec deux légions et demie, accompagnée par une importante cavalerie, et un non moins important convoi de lourds chariots très fortement chargés.

César lui-même, détail l’itinéraire suivit par cette armée romaine : Caesaromagus - Beauvais à Petrum Viaco - Estrépagny : 15 lieues gauloises ou 22 milles romains 1/2 ; Ritumagus - Romilly : 12 lieues gauloises ou 18 milles romains ; Casaromago - Rouen : 8 lieues gauloises ou 12 milles romains ; à Uggade - Pont-de-l’Arche : 9 lieues gauloises ; à Mediolano Aulercorum ou Ebroïcoe - Vieil-Évreux (2): 14 lieues gauloises, Le Mans *, Angers, franchissement de la Loire aux Ponts de Cé, et anéantissement de l’armée gaulois rebelle au sud de Saumur.

Au travers du Recueil des itinéraires anciens comprenant l’itinéraire d’Antonin, la Table de Peutinger et un choix de périples gresc, étoffés de dix cartes dressées par le Colonel Lapie, publiés par le marquis Fortia. Au travers le texte rédigé par Wessenling d’après les manuscrits n°4806, in-4° parchemin du Xème siècle - 4807, in-4° parchemin du Xème siècle- 7230 A, in-f° parchemin du Xème siècle- 4808, grand in-4° parchemin du XIIème siècle - 4126, in-f° parchemin du XIVème siècle, le supplément latin 671, de la B.N.F. à Paris.

C’est à Polype ( mort vers 118 avant notre ère ), que nous devons les impressionnants progrès des connaissances de la géographie historique et des itinéraires de l’Antiquité.

Dans la Géographie ancienne historique et comparée des Gaules, réalisée par le Baron Walckenaer - tome I, 2ème partie, chapitre II, page 400, l’auteur nous précise plusieurs route partant de Lutetia - Paris vers Autricum - Chartres et également vers Durocasses - Dreux, confirmant l’exactitude de la Table de Peutinger (3). Cette voie pré-romaine qui se poursuit vers Le Mans, désignée sous le nom de Mitricum, en lieu et place de Subdinnum ; suite à une erreur du copiste.

Selon les mêmes sources Ptolémée (3), dans son ouvrage sur les itinéraires, étend par erreur le territoire des Aulerci-Ebuvorices - Aulerques Ebuvorices de la Seine à la Loire, incluant les Aulerques Cenomans et les Andes. L’erreur, est minime puisque, en réalité les Ebuvorices appartiennent au peuple des Aulerques regroupant outre les Andes de la région Angevine, les Cenomans de la région Mancelle et la vallée de la Sarthe, les Diablintes de Jubleins - Jublains et la vallée de la Mayenne, les Lexoviens, de la région de Lisieux et la vallée de l’Avre, et les Ebuvorice de la région d’Evreux et la vallée de l’Eure.

Dans Notitia provinciare Galliae - collection des Histoires de France, tome III, au lieu de civitas Eburovicum on lit civitas Ebroïcorum. Dans le haut Moyen Âge, Évreux, ou plus exactement le Vieil-Évreux était cité sous la nom de Ebroas ou souvent Ebroïcoe. Le Vieil-Évreux était situé à environ une lieue de l’Évreux moderne que nous connaissons. Il est largement prouvé que le Vieil-Évreux, existait déjà au bronze moyen et qu’une voie le traversée reliant Rotomagus - Vieil-Rouen, non loin du franchissement de la Seine, à Subdinnum - Le Mans. Cette voie a été utilisé par l’armée romaine, et cité dans Bellico Gallico.

Le nom de Diablintes donné par César (4), Pline les cite dans Plinius - liv.IV, chap. 17. Ptolémée, « Aulerci deaulitoe » (5) . Dans la Notice des Provinces de France, du début du Vème siècle (6). Le testament de Saint-Béraire, évêque du Mans en 677, parle d’un lieu nommé « condita Diablintica » , comme d’un lieu situé au Mans « in pago cenomanico (7)». Ce qui tente à prouver, que le nom d’Aulerque étant commun aux Diablintes et aux Cenomans, comme le démontre Ptolémée, les premiers et les seconds apparaissent comme une division dans l’important peuple des Aulerques (8).

L’auteur de La vie de Saint-Siviard, VIIIème siècle évoque même « parochia Diablentica in pago cenomanico », pour en terminer, le testament de Saint-Bertrand, mort en 623, mentionne « oppidum Diablentis juxta ripam Aroenoe fluvioli », ce qui tente à démontrer que l’ancienne cité était située sur la petite rivière l’Aron, qui est affluent de la Mayenne. À noter, que Jublains, se trouvait sur la voie antique reliant Avranches - Le Mans -Tours (9).

Nous observons, que ce n’est pas seulement dans les limites des diocèses, mais encore dans les privilèges de ceux qui les régissaient, que l’antique existence et présence des anciens peuples gaulois ont exercé leur influence. Il est historiquement prouvé que Jublains, était la capitale des Aulerques Diablintes, que son territoire se trouvait enfermé dans celui des Cenomans, l’ensemble devait constituer à terme, le diocèse du Mans.

Selon Renouard (10), les Cenomans occupaient les doyenné de Javron, Evron, La Roche-Mobile et de Passais au Maine.

Enfin, Valois fait remarqué que sur la Table de Peutinger, la route qui se trouve représenté traversant Ebroïcoe et se prolongeant vers Mitricum/Subdinnum, situé à l’emplacement de Cenomanni - Le Mans (12) ; l’erreur commise par le copiste, il a mentionné Mitricum au lieu de Subdinnum.


(1) : Tabula Peutingeriana - segment I - B ; Wesseling - Itinéraires
(2) : Ptolémée de Thébaide, né vers 90 et mort vers 168, géographe et scientifique grec - Analyse des Itinéraires, tome III.

* un zig-zag dans la Table, prouve une omission.

(3) : Itinéraire d’Auguste Antonin « Itinerarium antonini augusti », recense 372 voies romaines dans l’empire romain - Itinéraire CVIII : Yggade dans certains textes, Uggate dans d’autres, désigne - Pont-de-l’Arche comme point de franchissement de la Seine. Nous avons également, Itinéraire CVII : Juliobona - L’Ile-Bonne ; Lutom - Duclair ; Bitumage - Écouis. Nous trouvons une voie gauloise pré-romaine de L’Ile-Bonne à Évreux de 35 lieues gauloises.
(4) : Bello Gallico - tome II, pages 466 - 863 et 865.
(5) : Paulus Osorius - liv.VI, chap.8.
(6) : Notitia provinciarae Galliae - tome I, page 122.
(7) : Acta episcopare cenomanum - tome III ; Analectorum - page 213.
(8) : Notitia - page 65.
(9) : Analyse des itinéraires antiques de la Gaule - tome III.
(10) : Essais historiques et littéraires sur la ci-devant province du Maine - in-12 -
1811, tome I, pages 59-60.
(12) : Tabula Peutinger - segment I .
(13) : comprend toute la Guyenne et Gascogne
(14) : une légion romaine compte 10 cohortes numérotées de I à X . Une cohorte est constituée de 3 manipules, chaque manipule est composée de 5 centuries. La centurie opérationnelle passe de 100 à 80 hommes : ainsi la cohorte normale passe à 6 x 80 = 480, et pour la 1ère cohorte qui est double 5 x160 = 800

Il devient difficile, d'avancer : qu'entre Beauvais et Le Mans, via Gisors, Pont-de-l'Arche, Evreux Bellême, Bonnétable. Puis Le Mans Angers via La Flèche, il n'existait pas une " voie terrestre gauloise ", dénommée dans des textes " Grand chemin ", capable de supporter le trafic lourd et imposant d'une armée en déplacement, s'ajoutant au trafic habituel ( dépassements et croisements à vive allure ; car en Gaule indépendante on se déplaçait beaucoup et très vite ".



UN " GRAND CHEMIN ", QUI DEPUIS LA PLUS HAUTE ANTIQUITE EST : CONTRÔLE....SURVEILLE.....PROTEGE.

- BELLÊME ( anc. Bellesme )
Les découvertes archéologiques authentifiées révèle une occupation diffuse depuis le Paléolithique jusqu’à la fin du Ier millénaire. Au lieu-dit « Saint-Sentin », à l’extrémité d’un promontoire avancé et détaché un terre-plein subcirculaire de 100 m. x 120 m., entouré à sa base par un chemin qui suit la courbe de niveau.

Au Gué de la Chaîne, au lieu-dit « l’ Hotel Volet » à 700m. Au sud/sud-est, la Direction régionale de Basse-Normandie à découvert en 1996, un enclos circulaire daté du protohistorique. A également été identifié, au « Carrefour du Grand Maître », une enceinte quadrangulaire en terre, légèrement trapézoïdale ( 90 m. x130 m. x 75 m. x 145 m. ) possédant des talus dont la hauteur varie de 1,50 m. à 4 m., avec des races de portes sur les côtés nord et sud. Sa surface intérieure est de 95 hectares environ. Au niveau de la porte sus des fouilles, livrèrent des murs en pierres et de grandes briques liées au mortier, d’une épaisseur de 1 m. Sur le sol construit en pavés de terre cuite des traces de feu et des cendres. Les sondages en 1922 sur la périphérie de ce site permirent de trouver huit haches à ailerons avec anneaux en bronze, un poignard en bronze, une dizaine de hache à douille en bronze, et divers autres objets en bronze. Les recherches de 1932 de M. Montandon, ont mis à jour une hache en pierre polie, une lance en bronze, ces trouvailles sont datées du protohistorique. Certaines piècs sont visibles au Musée d’Alençon et à celui de Mortagne.

En forêt de Bellême, au lieu-dit « la Sablonnière », un enclos d’âge protohistorique, de forme protohistorique de 123 m. x 70 m. a été répertorié.

A été également reconnu une voie antique Le Mans-Évreux sur 1175 toises, répertorié 008 AH., de 18 pieds de largeur, avec fossés, sur un soubassement de grosses pierres intercalées horizontales et verticales, comblées avec des scories de fer. Sur 1368 toises prolongement rectilignes très légèrement incurvée du lieu « les Sablons » à « Orgeval ».

- APPENAI-sous-BELLËME
Situé à 3 km., au sud de Bellême, ce territore légèrement ondulé, dans environnement bocager, appartient au Perche ornais. Le relief un peu plus marqué au nord 220 M., tente fléchit vers le sud environ 140 M.

Est répertorié un enclos d‘âge protohistorique « l’enceinte de Cosne Bergère », longtemps dénommé à tort : camp romain. Il s’agit d’un éperon de forme particulièrement irrégulières, barré d’un rempart d’une longueur approximative de 140 m., précédé d’un fossé dont la largeur varie de un à plusieurs mètres. Ce genre de protection, et très caractéristique du Néolithique moyen et final, se poursuivant au bronze, il indique les premiers signes de protection, de fortifications.

L’ensemble a une superficie d’environ 1 hectare, l’extrémité de l’éperon est constitué par une sorte de motte, assimilée à un poste de vigie. L’ étude du rempart et du tertre précité, constitués d’argiles et de pierres, atteste l’époque de son édification. Son implantation à proximité, et dominant le vieux chemin de Rouen, Évreux au Mans, confirme l’évocation de la période protohistorique. Le ramassage en 1920 de plusieurs outils lithiques patinés, ne laisse aucun doute. Sur 1363 toises, notre chemin est bordé de bernes et de fossés, la pierraille qui le renforce est tirée de petite carrières avoisinantes.

- IGE
La chaussée se poursuit sur environ sur 961 toises sans fossé, les pentes sont de 2 pouces par toise, puis de 3 pouces. Igé est situé à 6 km. Environ au sud/sud-ouest de Bellême, le relief est similaire aux articles précédents, cette paroisse avant 1789, commune actuellement dans sa partie occidentale, est relativement boisée, et traversée par une petite rivière « la Même ». Cette voie répertoriée 017AH, est reconnue comme : voie antique de Le Mans à Évreux, de direction sud-ouest/nord-est, passant par les lieux-dits - la Colerie, le Grouas-Cibot, la Butte des Rocs. - Recensée aux Archives du S.R.A. de Nasse-Normandie à Caen.

En un lieu appelé « Croche-Meslier ou Crochemélier », cité dans plusieurs actes et Cartulaires, existe un éperon naturel dont les flancs abrupts le rendent inaccessibles. Il s‘éleve en effet de plus de dix mètres au-dessus de la confluence de deux cours d‘eau. Cette pointe très prononcée est barrée, c’est-à-dire protégée côté du plateau par un enceinte, véritable murailles de 1 mètre de hauteur, constituée par un aggloméré de terre argileuse et de pierrailles, légèrement convexe vers l’extérieur, ce rempart est précédé d’un fossé profond de 1 mètre et plus par endroits, large de 6 à 7 mètres. L’emplacement d’une porte dans l’axe de la pointe est visible, cet ensemble de forme triangulaire s’étend sur un peu plus de 50 ares.

Le mobilier découvert suite à des fouilles méthodiques de 1866 et 1871 confirme la datation. Il a été trouvé : deux haches polies en silex ( âge Néolithique moyen ) ; des fusaïoles ornées de dessins en creux, en forme de carré et de croix ; plusieurs pesons en terre cuite, et d’autres objets ( Néolithique final ) ; une pointe de lance à douille en bronze, un poignard en bronze endommagé, deux haches en bronze, une hache à talon en bronze cassé, une hache à aileron en bronze ( datation bronze final ) ; de nombreux tessons de céramiques grossières et des poteries lacustres ( datation Hallstatt ) ; de nombreux objets datés de La Tène I et II. Les trouvailles de 1959 et 1994, semblent prouver que ce site a été pratiquement occupé de -5.0000 -4.500 à - 50 à -40 ans avant notre ère

En G. Jousset au pied de l’éperon a découvert une hache en bronze décorée, le tranchant en lunule et talon rectangulaire. De nombreuses pièces de monnaies gauloises attribuées aux Aulerques Cenomans, et aux Aulerques Ebuvorices. Les pièces étrangères prouvent que les occupants faisaient commerce avec des peuples éloignés et méditerranéens.


Il est évident que nous nous sommes limités à la dernière section de ce cet antique chemin : Bellême / Saint-Côme.
Le nombre " d'enclos - d'enceintes circulaires, rectangulaires, quadrangulaires " , de découvertes archéologiques jalonnant son tracé depuis Beauvais jusqu'à Saint-Côme-en-Vairais, et purement et simplement impressionnant. Il y a lieu d'y ajouter les " éperons barrés " Il devient donc possible d'affirmer que depuis le Néolithique et quelques-uns bien avant de nombreux sites ont été occupés, habités en continus depuis l'âge de la pierre polie, jusqu'à la Tène, en passant par les Chalcolithique,le Bronze et Hallstatt.



Deux haches en pierre polie, celle du haut est affutée, celles du bas, ne l’est pas. Peut-être est-elle destinée à un quelconque échange - collection C. L'Huissier



Pierre à écraser les graines de céréales datée du Néolithique moyen : vers - 4500 à -3500 avant notre ère.
Longue de 33,2 sur 22,6 épaisse de 14,5 cm. , pesant 56,865 kg. ; elle présente une très grande stabilité, et une surface piquetée, pour éviter aux graines de rouler. Le « broyon », a un ergonomie très bien étudiée, pour une utilisation nécessitant aucun effort, n’occasionnant aucune fatigue - collection C. L'Huissier - photos A.G.



IL ETAIT UNE FOIS.....
UN TRES VIEUX CHEMIN QUI FUT APPELE " MANSAIS ".
" CHEMIN MANSAIS ",
NE SIGNIFIT-IL PAS " VOIE DES CENOMAN'S .....? "

nous allons traiter ce sujet en deux parties,

I° - en amont du Mans........Ière Partie


Carte médiévale du " Grand chemin Mansais" de la " Pyramide de Saint-Cosme " au Mans - document personnel


2° - en aval du Mans..........2éme Partie


Carte médiévale du " Chemin Mansais" de " Pont-Lieu jusqu'à " Changerais", et se poursuivant par " Gouy" vers Durtal.





Extrait de la partie sud du Hault Mayne, précisant la délimitation avec « l‘Anjou », dont le Loir semble définir la limite.
Carte établie au XVIème siècle, le « chemin Mansais », y est clairement indiqué, ainsi que la déviation du Mans. On remarquera l’ « Antique chemin de Tours ».
Ces deux voies sont les seules indiquées sur les cartes anciennes de la « Généralité de Tours », et sur celles du « Diocèse du Mans » - document et photo A.G.







Gros plan sur la carte de Cassini de 1767, elle précise les travaux de redressement du tracé du " Chemin Mansais ", après Saint-Cosme.
Ceux entre Igé et Saint-Cosme étant semble-t-il terminés - document A.G.



Deux documents définissant : " la Pyramide " : limite précisant la limite de la " Normandie" et " Maine ", mais également la " Généralité d'Alençon" , de celle de " Tours ".
« Pyramide de Saint-Côme », précise la sortie de la Généralité d’Alençon, et l’entrée dans la Généralité de Tours, direction Le Mans. Elle définit la limite du « Hault-Mayne » de la Normandie -




Succession de cartes et de gros plans sur le tracé du " Chemin Mansais ", vers la fin du XVIIème siècle ( 1674 ), entre Saint-Côme-en-Vairais et Bonnétable - documents Archives Nationales de Paris : 3 planches de 86 x 58 cm. - échelle au 1/854 soit 11,3 cm. pour 500 toises


La portion du " Chemin Mansais ", entre la " Pyramide de Saint-Côme-en-Vairais et l'entrée de la cité du Mans, nécessite 7 planches de 86 x 58 cm - documents des Archives Nationales de Paris


Gros plan sur le " Gué de Maulny" au début du XVIIIème siècle, et du lieu dénommé " la Bouche d l'Huisne " . La couverture forestière est encore très bien précisée - document privé


La " Vallée aux Poules", et l'Antique chemin de " Le Mans à Poitiers, via Arnage, Pontvallain, Le Lude, Noyant, Saumur.....
La forêt dite du Mans, borde encore ce chemin - document privé


Sur ce gros plan d’une carte de Cassini dressée vers les années 1770, il est possible de suivre l’itinéraire de la déviation de la Cité du Mans . D’ Arnage, par Yvré-L’Evêque, et Savigné-L’Evêque où elle se raccordait à la voie royale du Mans à Paris par Bonnétable - document personnel


Trois pépites de cuivre, et un fragment de cuivre natif.
Une question pourrait se poser : comment ces trois pépites, et ce fragment se trouvent-ils à pratiquement 900 km. De leur lieu d’extraction - collection C. L'Huissier

Sur les deux documents il est question soit de « Chemin aux Bœuf », qui n’est que la continuation de l’itinéraire des troupeaux de bovins et d’ovins remontant depuis le XIIIème siècle de Saumur vers la Normandie ou Paris, de Saumur, par Noyant, Le Lude, Pontvallain, Arnage.




De « Pont Lieu » au « hameau d’Arnage », avant sa jonction avec le chemin dénommé « chemin de la Fourche ou chemin aux Bœufs » venant du « Gué Gillet », le « Grand chemin Mansais », passe par « Pied Sec » et « le Mortier Ceaux ».

Après Arnage, une fourche existait à la « Croix de Brée ou Bray ».

- à gauche, « le Vieux chemin de Saumur, Poitiers, par Pont Thibault, Pont Valain, Le Lude, Noyant.

- à droite, le « chemin Mansais » proprement dit, c’est-à-dire la voie antique du Mans à Angers / Nantes, par le « Vieux-Bourg de Guécélard, Foulletourte, La Flèche, Durtal, Angers, Ancenis.

Après « le Poirié », au pied de « le chenets », la montée avant Foulletourte est de 2 pouces par toises.

La traversée du Mans se faisait : la rue Saint-Dominique, la Croix de Pierre, la rue de Tessé, la place des Jacobins, la rue Basse ou le chemin des Sablons, le pont de Pont Lieu construit en 1766 / 1777.



La " Fourche de la Croix de Bray ou Brée", la branche de gauche est " l'Antique chemin de Poitiers ", cité dans des actes et des textes médiévaux authentifiés tant aux Archives de la Sarthe et du Maine-et-Loire, qu'à la Bibliothèque Nationales de France, qu'aux Archives Nationales de Paris sous la dénomination de " Chemin aux Boeufs". L'autre, celle de droite, est le" Chemin Mansais ", que l'on trouve désigné dans de nombreux documents et Cartulaires aux mêmes endroits.


D'autres plans plus récents : 1805 et 1812 où il n'est pas question de " Chemin aux Boeufs ", mais d' " Anciens chemin du Mans à La Flèche", ou " de Vieux chemin du Mans à Angers". Le document du bas nous donne un aperçu du " Vieux Bourg de Guécélard vers les années de 1800-1812 - document privé

Nous présentons deux documents : celui du haut dressé en 1767, celui du bas 1647. L'un et l'autre précise la largeur importante du chemin avant et après le passage du guet, et l'absence de pont pour franchir la petite rivière du Rhonne.
Les cartographes, ont voulu signalé un fait caractéristique : l'importance du trafic dans les deux sens, et les nombreux croisements de véhicules à cet endroit, tandis que d'autres en stationnement attendaient la possibilité de passer - documents privés

cartes postales du début du XXème siècle, nous donnant une image d'un pasé à jamais révolu - documents privés


Approximativement 1.000 mètres du"Chemin Mansais" envahis par la végétation, mais encore non bitumée, et non urbanisés - photo A.G.



Au Moyen Âge, la baronnie de Château-du-Loir percevait par l’intermédiaire de son vassal le seigneur de Mondan, un droit de passage qui s’appelait Branchière ou Branchère, une enseigne en forme de : Billette était implantée afin de prévenir les passants,

- le marchand contrevenant qui pouvait jurer de son ignorance, avait 10 sols mansais d’amende. Celui qui ne pouvait ou ne voulait pas prêter serment payait 6O sols mansais.

- le seigneur pouvait confisquer les chevaux, harnais, charrettes et marchandises - si l’utilisateur passait délibérément entre les bornes sans s’acquitter du péage. Toutefois, il pouvait se libérer lors du procès de confiscation en payant le prix exigé ou en fournissant une caution.



Page 268, du Cartulaire de Château-du-Loir, paélographiée, traduite et imprimée
Il est question du " droit de passage " appelé " billette", qui était perçu par la "Châtellenie de Chateau-du-Loir à Oisé, Foulletourte et à Gucélard - document privé



Ceux qui connaissaient bien l’itinéraire du Mans à Angers, traversaient le Rhonne au « Gué de Buffard », pour échapper à la taxation, mais il y avait le risque de se faire dévaliser dans les taillis touffus du « Bordage ».

A la fin du XVIIème siècle, un pont en pierres dit " pont messier " a été construit. Il s'agissait d'un pont exclusivement pour les piétons, permettant à ceux-ci de franchir le cours d'eau : le Rhonne l'hiver, et en toutes circonstances. Pendant trois cents ans, il a été utilisé par les habitants de la rive droite de la petite rivière, de passer sur la rive gauche, et de se rendre au " Petit Guécélard" .






Gros plan sur ce qui enncore appelé au XVIIIème siècle " le Bordage du Petit Gucélard " - document personnel


L'HISTOIRE S'EST GRAVEE DANS CE CHEMIN,

Nous sommes ici prisonniers de nos sources, et de la déficience des écrits pour cette période du haut Moyen Age.

Quand Pépin de Herstal mourut le 16 décembre 714, peu s’en fallut cependant que son œuvre ne s’effondra, notre terroir va connaître le passage répété de troupes armées, le Maine, puis toute la Neustrie se soulèvent et restaurent un pouvoir autonome. Sept ans furent nécessaires au dernier de ses fils vivants : Charles Martel, pour s’imposer et poursuivre l’action de son père. Maire du palais d’Austrasie en 719, se lance à la conquête du Haut-Maine, puis du Mans descend s’emparer de l’Anjou. De 720 à 724, une opposition, puis une forte résistance se manifeste. En 724, une nouvelle révolte éclate dans le Maine et en Anjou à l’instigation de Rainfroi, ancien maire de Neustrie sous Childéric II. Vainqueur, le pouvoir de la Neustrie confisqué, Charles Martel laisse à Rainfroi au titre de viager le comté d’Angers.

Pépin le Bref consolida sa position en s’attachant par intérêt des ducs, des comtes, des seigneurs, à une exception, Hunauld ou Hunoald, duc d’Aquitaine. C’est à la suite d’une expédition malheureuse contre ce farouche réfractaire, que Pépin et sa troupe furent dans l’obligation de se replier et de solliciter la protection des murailles de la cité du Mancelle. Gauziolene, évêque du Mans, et son frère Karivius, virtuellement comte du Maine, sympathisants par intérêt de l’Aquitain, lui interdirent l’accès de la ville du Mans. Affaiblit militairement, Pépin dû se résoudre à installer ses campements en pleine campagne en un lieu nommé « Clos Saint-Pierre ou la vigne Saint-Pierre, et à subir les harcèlements des troupes des deux frères. Nous retrouvons ces faits mentionnés dans un acte écrit au Mans , en juillet de l’an 751, est signé par l’évêque Gauziolene, des abbés Theodalde et Ingilbert, des prêtres Odoluvius, Ario, Lauduicus, Ansegaire, Dalibert, du diacre Ingilfrid, de l’avocat Ingildric, du vicomte Adamare - qui semble être le premier vicomte du Maine ( le comte gouvernait une province parfois avec un lieutenant nommé vicaire - viguier - vicomte ), du vidame Abraham et d’un certain Beltricard. Il apparaAnnales Ordinis Sancti Benedict -
liv. 1, v. XXI , n° 75ît que le notaire Thefrede rédigea et signa ce document sous la pression de Gauziolene.


C’est dans un roman médiéval « Berte aux Grans Pié » Roman d’Adené Le Rois du XIIIème siècle - p. 34, où il est question de Berthe de Laon, épouse de Pépin le Bref, elle se serait éloignée du campement, et égarée dans la forêt du Mans,

« ………
« Bien cinq grandes journées, i voudront détrier
« Tant qu’en un bois s’en vindrent haut et grand plainier,
« C’est la forest du Man, ce oy tesmoigner,
« Lors se sont arrêtées,
« ………





La " Croix Heulan", placé en bordure de l'ancien tracé du " Chemin Mansais ", bien avant que son " crochet " par le " Prieuré de La Fontaine-Saint-Martin", le détourne par " Château-Sénéchal " - document personnel - photo A.G.


14 planches plus 3 spéciales, identiques à celles que nous avons précédemment citées sont nécessaire pour joindre Pont-de-l'Arche , aux Ponts-de-cé ; et reconstituer le tracé, et l'itinéraire précis de cet " Antique grand chemin ".



LE " CHEMIN MANSAIS " UN VERITABLE ITINERAIRE D'INVASIONS.......

La société médiévale dans notre région a été essentiellement une société nouvelle érigée sur les débris de la société antique dont il ne subsistait que de vagues souvenirs.


Il ne faut pas oublier, que les conditions atmosphériques ont joué un rôle déterminant dans l’évolution sociale : de l’an 900 à 1300, une grande période humide quoique plutôt froide a d’abord favorisé le démarrage d’une certaine prospérité. Vers l’an 400 de notre ère, un radoucissement climatique avait favorisé l’expansion de l’errance germanique.


Vers l’an 750, une nette période de réchauffement de la température qui se prolongea jusqu’en 1200-1250, favorisa une très large reprise des cultures alimentaires, avec le développement de l’élevage des ovins et des bovins.

Politiquement Franc sous le règne de son bienfaiteur l’Empereur Louis 1er, fils de Charlemagne et de Hildegarde de Vintzgau ; Nominoë virtuellement duc des Bretons, en 840 à la mort de Louis 1er dit le Pieux, ne reconnaît pas la souveraineté du fils de celui-ci : Charles II dit le Chauve, roi de Neustrie, c'est-à-dire la " France tout court ". Après s’être emparé d’Angers, remontant la vallée de la Sarthe à la tête de ses intrépides cavaliers Bretons en 844 par l'antique chemin, il s'empare de La Flèche attaque Le Mans. En 850, à nouveau il occupe Angers, remonte par Durtal, La Flèche et envahit Le Mans, il fera de cette cité la plaque tournante de ses opérations. Laissant des groupuscules de partisans, il occupe le plat pays de part et d'autre de la voie terrestre, selon le Cartulaire de Redon C’est au moment de reprendre son offensive en direction de Chartres qu’il meurt le 7 mars 851.


En 857, Erispoë fils de Nominoë, est assassiné par son cousin Salaün / Salomon.

Suite à la paix d’Angers, en 863 le traité d’Entrammes ( Mayenne ) consacre l’apogée de la toute puissance bretonne, ainsi qu’en témoigne les Annales royales de Saint Bertin. Salomon obtient du roi de France la cession d’une partie de l’Anjou et tout le pays « Entre-Deux-Eaux », c’est à dire tout le territoire entre la rivière Mayenne et la rivière Sarthe. La frontière entre la Bretagne et la Francie est matérialisée par les rives droites des rivières la Sarthe et la Maine, ces deux cours d’eau déterminent la nouvelle limite orientale de la Bretagne. Fresnay-sur-Sarthe, Beaumont-sur-Sarthe, Le Mans, Malicorne, Fillé, La Suze, Sablé-sur-Sarthe, Châteauneuf-sur-Sarthe sont devenues des cités frontières. Guécélard est désormais un hameau frontalier.

Ainsi, Fillé est en Bretagne, et Guécélard en France

Entre Angers et Le Mans, le plat pays n’offrait aucun obstacle sérieux aux vagues déferlantes des cavaliers des forces combinées des Normands et des Bretons, de plus la rivière Sarthe présentait une voie de pénétration idéale aux bateaux nordiques à fonds plats, appelés « Knorr », plus connus sous le nom de « Drakkar, en raison des figures de dragons qui ornaient la proue ». La ruse découlant du déplacement silencieux du bateau, la sûreté du coup d’œil, l’extrême promptitude à réagir, les navigateurs Scandinaves possédaient la science infuse de la navigation en rivière.

L’Anjou et le Maine, en l’absence d'une défense organisée et efficace, étaient tout particulièrement vulnérables aux attaques des Normand's installés dans les îles et à l’embouchure de la Loire, depuis 843. Les Annales Royales de Saint Bertin font état de la présence de " Westfaldingi ", qui ne peuvent être que des Norvégiens du Wesfold, dont 67 bateaux remontent la Loire, et s’aventurent en exploration dans divers affluents dont la Sarthe, vers 842. Plusieurs, profitant de la navigabilité de notre grande rivière s'aventurent jusqu'à quatre lieues du Mans, accompagnés sur la voie terrestre par des cavaliers, ceci est relaté dans les Annales Royales à la B.N.F. Le texte précise qu’ils sont souvent associés avec des Danois, et des Saxons.

Ces pillards contrôlaient l’Anjou, ils occupèrent le château d’Angers jusqu’en 873. De ce point ils faisaient peser sur le Maine une complète insécurité, effectuant des raids fréquents et dévastateurs, utilisant la voie reliant la capitale de l'Anjou à celle du Maine.

En 866, ils furent interceptés par le comte du Maine Gauzfrid et son frère Hervé à la tête d’un groupe armé de Manceaux sur le chemin d‘Angers . Les deux frères, après avoir rejeté les attaquants nordistes des abords des murailles du Mans, ils les poursuivirent les empêchant de récupérer leurs bateaux cachés dans l'abondante végétation des confluents marécageux des affluents de la rive gauche de la Sarthe. En dessous de La Flèche, la troupe du comte Gauzfrid et d'Hervé, fut rejointe par celle de Robert le Fort formée de contingents de la Touraine et de l’Anjou, renforcée de Ramnulf II, comte du Poitou. Après avoir fait leur jonction la petite armée ainsi formée, engagea dans sa lanncée le combat avec les Normand's . Le 15 septembre 866 à Brissarthe, au nord d’Angers à une lieue de Châteauneuf, les Français ayant encerclé les envahisseurs attaqua les redoutables navigateurs.. La bataille fut longue, souvent indécise, particulièrement sanglante, les Normand's subirent une cuisante défaite, mais les pertes du côté des Français furent très lourdes. La famille des comtes du Maine paya un lourd tribu : le comte du Maine Roricon II, Hervé son fils, qui semble être le cadet, son gendre Ramnulf 1er , comte du Poitou, furent tués lors des affrontements avec les Normands.

Analectorum Veterum Benedictum, nous rapporte le triste retour vers Le Mans, par " le gran chemeing Manczois " du comte du Maine Gauzfrid, blessé, ramenant vers la cité Mancelle le corps de ses frères, et de 27 de leurs compagnons morts, et de très nombreux " ....blesés affreusement mutilés...par les démons....". Le retour a été qualifié de lent, coupé par plusieurs haltes dans des hameaux habitaient "... recevoit un accueil émouvant et réconfortant des hôtes de l'endré....".


L’année 886 est marquée par une recrudescence des expéditions normandes dans le Maine, remontant de l’Anjou et utilisant le chemin devenu « Voie d’invasions ». Veterum analectorum t. III, p.228-229. Au IXème siècle, le Polyptyque de l’Abbé Irminon, évoque des charrois de vin d’Anjou pour l’Abbaye de Saint Germain des Près, passant par Le Mans, empruntant cet itinéraire.

Bien que n’étant pas nommément précisé, il n’en demeure pas moins, que le Grand Chemin d’Angers au Mans, transparaît dans les documents relatant l’enchaînement des événements qui vont se succéder pendant près de deux cents ans, du début du Xème siècle, à la première moitié du XIIIème ; avec en arrière plan la guerres dite de « Cent ans ».

Au XIème siècle, le comté du Maine a été la proie de deux puissantes dynasties rivales, l’une voisine en limite sud-sud ouest - le comte d’Anjou, l’autre plus éloignée au nord -le duché de Nomandie. Via la seigneurie de Bellême, le duc a posé directement ou implicitement la question de le légitimité comtale dans le Maine.


Après sa victoire de Conquereuil le 27 juin 992, où fut tué Conan 1er, comte de Rennes, Foulque III dit Nerra, comte d’Anjou, étend par la force son ambition sur le Maine et la Touraine. La partie sud-Ouest de notre département fut alors le théâtre de violents affrontements entre les Manceaux du comte du Maine, et les Angevins du comte d’Anjou. Le seigneur de Mondan était lui-même un écuyer Manceau. En 996, Foulques III, obtient du roi Robert II le Pieux, la suzeraineté sur le Maine, l’influence Angevine se développe rapidement.

En 971-997, selon le : folio 36, de l’ancien Cartulaire original ( copie Manuscrite de G. Savare, p. 3, 241 ). Hugues III, était comte du Maine. Les prétentions sur le Maine de Foulques Nerra étant considérées comme illégitimes par le duc de Normandie, on ne voit pas comment autrement que par la force le comte d’Anjou aurait pu imposer sa suzeraineté. Les successeurs du comte Hugues III, rejetèrent cette forme de suprématie, et refusèrent l’autorité angevine, ce qui eut pour conséquence d'entretenir une permanente belligérance entre l'Anjou et le Maine dans toute la partie Sud-ouest de notre département, et plus particulièrement de par et d'autre de la voie reliant Angers au Mans.

Gervais de Château-du-Loir, vers 1014, inféodé à Château-du-Loir, et reçut le droit d’ériger une fortification à Château-du-Loir.

Hugues III mourut en 1014 ou 1015, le comté du Maine, est-il réellement passé aux mains de son fils Héribert 1er, plus connu sous la dénomination de Herbert Eveille-Chien ?

Le mariage en 1046-47 de Hugues IV, fils aîné de Herbert 1er dit Eveille-Chien, comte du Maine, avec Berthe fille du comte de Blois, de Chartres et de Champagne, ébranlant sérieusement la suzeraineté du comte d’Anjou sur le Maine. Geoffroy II dit Martel, fils de Foulque Nerra, , à la tête d’une armée d’Angevins remonta vers Le Mans, qu’il tenta de prendre. Après un cuisant échec, il se replia sur Bazouges-sur-Le Loir, place-forte à la limite des deux comtés.


Notre région va alors être plongée dans une crise aiguë dont l’enjeu final est la succession assortie du titre de comte du Maine : intrigues, complots, scandales, conflits vont s’enchaîner, et se déchaîner, avec en arrière plan le chemin, voie d'accés vers Le Mans, autorisant la suprématie sur toute la province.

En novembre 1076, Foulque IV dit le Réchin, avec une solide troupe d’Angevins, renforcée par celle des Bretons de Ralph de Gaël, attaquèrent et assiégèrent le château de La Flèche, dont le seigneur Jean de Beaugency, était l’un des plus fidèles soutien du duc de Normandie dans la province.

Jean réussit malgré une très grand infériorité numérique à contenir les assauts furieux jusqu’à l’arrivée de Guillaume, accompagné de Robert de Château-du-Loir et son fils Gervais, de Rainaldus de La Suze, lui-même soutenu par les écuyers seigneurs de Rémuald de Mondan et de Foulletourte et de nombreux autres.

La défaite des Angevins fut cuisante, le comte d’Anjou fut blessé.

Hélie de Beaugency, plus connu sous le nom de Hélie de La Flèche, fils de Jean avait épousé Mathilde, fille de Gervais II de Château-du-Loir, de cette union est née Eremburge. Comte du Maine en 1093, héritier légitime par sa mère Paule, fille de Herbert 1er Eveille-Chien, petite -fille de Hugues III.

Par le jeu des alliances matrimoniales, à travers un écheveau compliqué de mariages et de successions, un nouvel ensemble territorial se constituait dans notre région. L’ombre des contours d’un empire qui allait s ‘étendre du nord de l’Ecosse à la barrière des Pyrénées, pour l’Histoire il porta le nom de « Empire Plantagenêt ».



CE CHEMIN EST...….LA VOIE DES PLANTAGENÊT ?

Eremburge de La Flèche, ou plus exactement Eremburge du Maine épousa Foulque V dit le Jeune, deuxième fils, de Foulque le Réchin, comte d’Anjou, devenu héritier du comté à la mort prématurée de son frère aîné, en 1106. A la mort d’Hélie le 11 juillet 1110, Eremburge devint comtesse du Maine. En 1126, à son décès son mari Foulque V le Jeune devint comte d’Anjou et du Maine. Leur fils Geoffroi V dit le Bel, plus connu sous le nom de Geoffroi Plantagenêt, au départ de son père pour la Palestine devint en 1131, comte d’Anjou, du Maine et de Touraine. Josèphe Chartrou dans son ouvrage : l’Anjou de 1109 à 1151, a écrit que c’est à la passion de Geoffroi le Bel, pour la chasse et ses courses effrénées dans les landes de la forêt du Mans, qu’il doit cette appellation. Pseudonyme, surnom devenu synonyme d’épopée.

Geoffroi Plantagenêt épousa dans la cathédrale du Mans, à la Pentecôte , le 22 mars 1128, Mathilde l’Empeuresse, fille héritière de Henri 1er, roi d’Angleterre, duc de Normandie, petite-fille de Guillaume le Conquérant. C’est le dimanche 2 mars 1133 au Mans que leur fils Henri II est né, duc de Normandie en 1150, comte d’Anjou et du Maine en 1151, roi d’Angleterre en 1154, il mourut en 1189.Sur ses 35 années de règne, Henri II Plantagenêt, prince Français, n’en passa que 13 outre-Manche. Il fit d’Angers « ……où il faisait si bon vivre…. », la seconde capitale du royaume d’Angleterre.


C’est ce chemin que suivirent en 1189, Guillaume, archevêque de Reims, de Bourges et de Canterbury ; Philippe, comte de Flandre et Hugues , comte de Bourgogne, à la tête d’un important groupe d’écuyers, de chevaliers et d’arbalétriers, pour surprendre et intercepter Henri II, en Anjou.

Le chemin dont nous parlons, fut historiquement inséré de 1126 à 1214, dans l’axe Angers, Le Mans, Bonneville-sur-Touques, Londres, il a été pour l’Histoire la « Voie des Plantagenêts ». Utilisé par les fils de Henri II, Richard 1er dit Cœur de Lion, roi d’Angleterre de 1189 à 1199. Puis par son frère Jean sans Terre qui lui succéda sur le trône Anglais de 1199 à 1216.

Le 21 avril 1199, Jean sans Terre et ses compagnons partis de Fontevrault via La Flèche arrivèrent dans la soirée au Mans. Ce qui laisse à penser qu’au XIIème siècle, ce Grand Chemin Mansais était en parfait état, que l’on pouvait y circuler rapidement, et qu’il n’existait aucun moyen de franchissement de la Loire à Saumur.



LE PRIEURE ROYAL DE LA FONTAINE-SAINT-MARTIN, FAIT DE CE CHEMIN UNE " VOIE ROYAL ".......

La féodalité du Prieuré de femmes, de La Fontaine-Saint-Martin, de l’ordre Bénédictin, constituée par la terre, le fief, seigneurie et châtellenie relevait quant au temporel du roi de France à cause de son Comté du Maine *, divers fiefs et de nombreuses terres censives en relevaient.

* Archives de la Sarthe, II, 1508, f° 12

C’est par une Charte datée du 11 novembre 1114, faite en son palais du Mans que Foulque V, comte d’Anjou, devenu comte du Maine par son mariage avec Eremburge, fille unique de Hélie de La Flèche, comte du Maine et de Mathilde de Château-du-Loir. Le prieuré fut dès l’origine dépendant de l’abbaye de Saint-Sulpice-de-Bois, fondée vers 950 par Conan Ier, duc de Bretagne.

Les guerres et les compétitions de famille, les luttes sanglantes entre les Plantagenets d’Angleterre et les Capétiens de France furent d&désastreuses pour notre région. En 1202, alors que le Maine tout entier après avoir été pris, repris, disputé par les couronnes rivales, le gouvernement de la province ( Mayenne- Sarthe ) appartenait tout entier au sénéchal Guillaume des Roches, personnage célèbre, et seigneur puissant par son mariage avec Marguerite de Sablé, faisait de fréquents séjours au prieuré.

Les libéralités des Plantagenets, furent perpétués par les Valois, lorsqu’en 1204 la province fut confisquée et réunie au royaume de France.

En 1202 et 1203, Philippe IV le Bel, séjournant pendant une dizaine de jour au Prieuré chassa dans les landes du Bourray. C'est vers cette époque que furent entrepris les travaux de " déviation " pour desservir le Prieuré et l'abandon du tracé par la " Croix Heulan ".

Cette même année 1329, sa femme la reine Jeanne de Bourgogne, y rédige son testament et fait de nombreuses donations aux églises et monastères du Maine.

En 1223, Louis IX plus connu sous le nom de Saint Louis, accéda au trône à l’âge de 11ans. Plusieurs seigneurs et non des moindre, sous l’égide de l’oncle paternel du jeune souverain, le comte de Bourgogne formèrent un complot, « une ligue ». L’un des confédérés, Pierre de Dreux dit Mauclerc « Mauvais clerc », duc de Bretagne, certainement le plus dangereux, avait trahi le royaume de France en 1226, et était soutenu par Henri III, roi d’Angleterre. En janvier 1230, la reine Blanche de Castille, accompagnée de son fils, à la tête d’une petite armée venant de Paris, par Le Mans gagna Angers, se dirigeant vers Nantes où Mauclerc c’était retranché. Charles 1er de France, frère de Louis IX, a été comte d’Anjou et du Maine de 1245 à 1285.

Le roi Louis IX, en 1237 y ratifia une donation faite la même année par Raoul de Beaumont, vicomte du Maine, aux Cordeliers du Mans.

Charles de Valois, frère de Philippe le Bel, duc d’Alençon, de Chartres, d’Anjou, comte de Valois, octroya en 1300, au Prieuré une rente de vingt livres tournois pour le repos de son âme et celui de sa femme, Marguerite de Sicile. Son fils, Philippe VI dit le Long, quatorzième de la dynastie Capétienne, fit de fréquents séjours au Prieuré, il s’y trouvait les 19 août et 6 septembre 1329. Après un déplacement au Château du Gué de Maulny le 17 août 1329, il était de retour au Prieuré le 7 septembre.

Selon ( Province du Maine - t.IV, p.513 ), en 1346 Philippe V, revint dans la province du Maine et séjourna à La Fontaine Saint-Martin. Jean, son fils ainé, duc de Normandie, comte d’Anjou et du Maine, né le 26 avril 1319 au Château du Gué-de-Maulny, devait monter sur le trône de France le 26 septembre 1350 sous le nom de Jean II dit le Bon. Battu et fait prisonnier à la bataille de Poitiers le 19 septembre 1356.

Son frère Louis, comte d’Anjou et du Maine, par lettres patentes datées 30 août 1381, confirme les donations que le Prieuré est en droit de prendre chaque année sur la recette du Mans. Sa veuve, Marie, reine de Jérusalem et de Sicile, duchesse d’Anjou, par lettres royales datée du 12 janvier 1388, fait donation après un séjour, d’une rente annuelle de vingt livres aux religieuses, sur la recette d’Angers.




LES ALEAS D'UNE " GUERRE DITE DE CENT ANS " ......QUI DURA CENT SEIZE ANS AVEC LES TRÊVES ( de 1337 à 1453 ),

Notre région, comme l’ensemble du Maine était prospère avant la Guerre de Cent ans. Cette prospérité fut anéantie, le pays guécélardais se dépeupla, et revécut les jours noirs des grandes invasions du Moyen Âge. La platitude de notre commune, s’étendant des portes de la cité Mancelle au rebord septentrional du Plateau de La Fontaine-Saint-Martin, la côte du Bruon.



Pièce de monnaie Anglaise frappée en 1365 6 Elle a été beaucoup utilisée pendant la guerre de Cent ans.
Suite à la capitulation de Rouen, le 13 janvier 1419, Henri VI roi d'Angleterre, d'Irlande, d'Ecosse et déclaré roi de France exigea le paiement une rançon de 300.000 écus d'or , dont la moitié en Noble. Le Noble valant deux écus.
Le pièce représente le roi Edouard III, dans une nef, voguant sur la Manche - Edouard III, petit-fils du roi de France Philippe le Bel, il tente d'étendre son pouvoir sur la France, et déclenche ainsi la Guerre de Cent ans - collection d'un numismate de Tours




La guerre de Cent ans, ne toucha véritablement notre région qu’en 1356. Elle fut particulièrement éprouvée dans les dernières années du règne de Jean le Bon, et dans les premières années de celui de Charles V, pour être plus précis entre le désastre de Poitiers en 1356 et la victoire décisive de du Guesclin et d’Olivier de Clisson à Pontvallain en 1370, et après une longue accalmie de 1417 à 1450, c’est-à-dire de la défaite d’Azincourt en 1415 à la libération de notre territoire en 1458.




Ange d’Or - monnaie émise par Philippe VI de Valois. Il s’agit de la 2ème émission de 1341 - poids de 5 deniers soit 6 gr. 375
Représente : l’Archange Saint-Michel perçant le dragon de sa hampe, l’écu de France sous la main gauche - collection d'un numismate du Mans


Cela commença, lorsque le prince Noir, héritier du trône d’Angleterre, remontant avec son armée de Guyenne - possession anglaise, désirant en 1356 faire sa jonction sur la Loire avec l’armée de Robert, duc de Lancastre, débarqué dans le Cotentin, fut stoppé aux Ponts-de -Cé après avoir traversé la région.

Il est à noter que les chevauchées anglaises comprenaient au moins un millier de cavaliers.

En 1357, l’ennemi s’acharna sur le château du Gué-de-Maulny qui fut irrémédiablement détruit, puis ivre de fureur sur la campagne environnante.

En 1370, deux grandes chevauchées anglaises traversent la région, et Robert Knolles avec 1.600 hommes d’armes et 2.600 archers, après avoir saccagé Chateaudun, en novembre entra dans le Maine par Saint-Calais, ravageant tout sur son passage, ruina Parcé et son église.

Thomas, duc de Buckingham, dernier fils de Édouard, roi d’Angleterre, aborde le Maine en 1380, avec 3.000 hommes d’armes, après le Grand-Lucé et Pontvallain, tentant de traverser la Sarthe, longe par la rive gauche la grande rivière d’Arnage à Noyen. Les passages étant obstrués, ils détruisent, incendient château, hameaux, églises sur leur parcours.

La tactique du roi de France, Charles V, fut de laisser les chevauchées anglaises s’avancer dans les campagnes désertées du Maine, vidées de toutes les formes de nourritures pour les hommes et pour les chevaux : « la terre brûlée ».

Pendant ces années terribles, l’existence des gens du plat pays guécélardais, fut l’angoisse perpétuelle, accablés de tous côtés. Les petits paysans, tout comme les petits seigneurs de Buffe et de Mondan, étaient rançonnaient par les capitaines anglais de Rouëzé, de Pontvallain, de Louplande. Si ils ne pouvaient payer, ou si ils refusaient leurs bâtiments étaient incendiés, leurs récoltes détruites, ils étaient battus, leurs femmes et leur filles emmenaient . Ainsi, on compte trois incendies à Buffe et autant à Mondan entre 1360 et 1367. Le hameau du Guécélard deux fois incendiés 1360 et 1364, une fois saccagé en 1367. En 1380, ce fut la destruction totale de Buffe, de Mondan, de l’église de Guécélard par une chevauchée anglaise.


Dans une Chronique datée de 1364-1365, tenue par un capitaine anglais ont pouvait lire : …..avouëre pris, battu, occis, mutilé dès manants francès et d’autres personnes, ravy et forcié plusieurs femes et pucelles, mis le feu en plusieurs chastiaus et églises, et divers lieus et villages……

Jean Froissard dans ses Chroniques royales décrit une chevauchée des Anglais en 1380. La Sarthe constituant une ligne de défense pour les Français, ceux-ci avec l’aide des petits seigneurs locaux avaient obstrué les lieux de franchissement de la grande rivière. En garnison à Pontvallain, le 16 septembre 1380, une importante troupe de soldats d’outre-Manche, par Moncé-en Belin, essaya de traverser la rivière Sarthe à Arnage, puis à Fillé, suivant la berge jusqu’à Noyen, à la recherche d’un passage, ravagèrent Buffes, incendièrent Mondan, endommagèrent maisons, hameaux, églises dans leur fureur destructrice.


Reproduction de l'une des trois pages, avec enluminures de la Chronique Royale de Jean Froissard , relatant les faits sus relatés - document et photo A.G.



Dans ce climat de terreur, dans cette insécurité permanente, les guécélardais fuyaient à la moindre alerte, les femmes et les enfants avec les animaux vivaient cachaient au plus profond des taillis touffus des landes du Bourray. Pour ne pas mourir de faim, ils cultivaient en cachette un coin de terre à plusieurs, sous la protection d’un guetteur.

Les châteaux de La Flèche fut pris en 1360, ceux de Ganne ( Aubigné ) en 1360 ; La Faigne ( Pontvallain ) en 1360 ; Gallerand ( Luché-Pringé ) en 1367 ; La Plesse-Chamaillard ( Rouêzé ) en 1360 ; l’église fortifiée de Rouëzé en 1364. Ces forteresses servirent de bases pour les opérations de pillages et de destructions aux anglais, jusqu’en 1458.

La tactique du roi Charles V, fut de laisser s’avancer les cavaliers anglais, dont les groupes comprenaient quand même quelques milliers de cavaliers, en rase campagne, dans un environnement vide, désert, sans ressource : la terre brûlée. Parmi des points fortement fortifiés tenus par les français, comme Le Mans, Chêteau-du-Loir, Le Lude et quelques autres, susceptibles de mettre en échec l’envahisseur.

Le Maine ( Mayenne et Sarthe ), dans les préliminaires de paix signés le 15 janvier 1381, et ceux de Londres le 24 mars 1359, avait été cédé à l’Angleterre. Par contre lors du traité de Brétigny du 24 octobre 1360, il n’était plus cité.

Ce n’est que vers 1370, que la paix revint dans notre campagne.

Après l’assassinat manqué du Connétable Olivier de Clisson dans la nuit du 13 au 14 juin 1392, Charles VI, furieux contre le duc de Bretagne, qui ne voulait pas lui livrer Pierre de Craon, l’instigateur du forfait ; organisa une expédition punitive. Il quitta Le Mans, en compagnie de Louis d’Orléans, son frère, des ducs de Berry et de Bourgogne, ses oncles. Le roi conduisant une armée de 4381 hommes *, se dirigea vers Angers le 5 août 1392, espérant prendre le repas de midi à Foulletourte ou au prieuré de La Fontaine Saint-Martin. Parmi l’escorte royale on note Guillaume de Sillé, chevalier bachelier, Guillaume de Souligné, Huet de Buffes et Jean de Vernie tous écuyers de la compagnie de Jean de Tucé.

Selon Froissard, après Guessellard, dans les landes du Bourray, en dessous du village de Parigné, sous un soleil ardent, et une chaleur pesante, dans la poussière soulevée par les passages des chevaux à la suite d’un incident banal, le roi fut pris d’un accès de folie. Il tua quatre hommes dont Hue , chevalier de Gascogne. On le ramena au Mans sur une litière dans une charrette tirée par deux bœufs.

Suite à cet événement, l’anarchie commença dans le royaume, et s’aggrava lorsque les descendants des ducs de Bourgogne et de Berry devinrent d’implacables rivaux. Leurs luttes d’abord sans envergure sombra sur l’ensemble du territoire par des rencontres sanglantes, des attentats caractérisés par l’ampleur de la cruauté, le fanatisme et le fureur aveugle aspects de la guerre civile. Pour atteindre l’apothéose les partis firent respectivement appel aux Anglais, qui n’attendaient qu’un prétexte pour intervenir en France.

Louis II, roi de Jérusalem, duc d’Anjou, comte du Maine, à la requête de Catherine de Tucé, prieure du Prieuré de La Fontaine-Saint-Martin, renouvelle à son passage le 18 juin 1407 le paiement de l’arriéré de cette rente. Les guerres du royaume étant la cause souvent de ces retards. Ce prince reconnaît les négligences de ses officiers angevins, et le 21 janvier 1415 de La Fontaine Saint-Martin, il mande à son trésorier Jean de la Tellaye, de bien vouloir apurer les comptes.

Après une quarantaine d’années d’une tranquillité relative, alors que nos seigneuries de Buffe et de Mondan ont terminé leur reconstruction, que le hameau s’est redressé de ses ruines.

Édouard III, roi d’Angleterre, possède toujours en France la province de Guyenne, et rêve de reprendre la possession de la Normandie, de l’Anjou, du Maine et de la Touraine. En 1337, il essaie de répéter, mais à l’inverse, l’opération du Guillaume le Conquérant trois siècles plus tôt en se proclamant roi de France, et il entreprend aussitôt la conquête de « son royaume »…..

Théoriquement, le Maine et notre région aurait dû être préservé de la guerre : Jean V de Bretagne, avait marié sa fille en juillet 1417 à Louis III, duc d’Anjou, comte du Maine, mineur, sous la tutelle de sa mère Yolande. Celle-ci, avait signé une trêve avec le roi d’Angleterre jusqu’au 1er octobre 1418, fixant la limite d’influence anglaise, à une ligne allant de : Mortagne, Alençon, Argentan, Domfront.

Mais, c’était sans compter sur les intentions d’expansionnismes et les arrières pensées anglaises. Le débarquement des hommes d’armes du roi d’Angleterre de 1417, avait poussait à l’exode, devant lui une foule de gentilhommes, de clercs, de bourgeois, de paysans , de manants de toutes catégories, vers le Maine. Déferla alors sur notre région des hommes chargés de leurs objets les plus précieux, d’autres guidant leurs bestiaux, des femmes avec leurs baluchons de vêtements, terrorisaient par les souvenirs des horreurs du passé.

Un document permet d’évaluer approximativement la dépopulation dans le haut-Maine, et dans toute notre région en 1434, au plus fort des hostilités, qui ont préludé à la fin de la guerre. 12 feux en 1415, 8 feux en novembre 1417, en octobre 1433 - 4 feux et 2 en avril 1434

En novembre 1417, les anglais s’emparent de Fresnay, Sillé-le-Guillaume, Sainte-Suzanne, et descendent jusqu’à Thorigné . Ils tentent de s’emparer du Mans dont-ils incendient les faubourgs., et ravages les campagnes au sud-ouest de la cité Mancelle.

Le 10 septembre 1423, Yolande d’Aragon après sa visite du 10 septembre 1420, demande à Jean Morin, receveur ordinaire du comté du Maine de régler 42 livres 10 sols tournois au Prieuré de La Fontaine-Saint-Martin, où elle séjournait souvent.

Le comte de Salisbury, le 20 janvier 1425 installe des bombardes et fait le siège du Mans, pendant que sa soldatesque rançonne les campagnes à six lieues à la ronde. Les bombardes anglaises obligent Sainte-Suzanne à se rendre en 1425, puis le 31 octobre c’est Mayenne-la-Juhel, en février 1426, c’est La Ferté-Bernard, et ensuite Nogent-le-Rotrou. En une année les envahisseurs d’Outre-Manche se sont emparés de la majorité du Maine. Notre région est à nouveau la proie des bandes anglaises basées à Gallerande, Malicorne, La Suze, qui la mettent en coupe réglée. Le Lude libéré en 1427, les anglais avait complètement disparus en 1431.

Après la prise du Mans, Yolande d’Aragon, reine de Jérusalem et de Sicile, comtesse du Maine, a tenu tête a l’ennemi dans son château d‘Angers. Elle a expulsé de Segré et de Chatelains, fait prisonnier à La Gravelle, le célèbre capitaine anglais lord William Pole. C’est elle qui organisa réellement la défense de l’Anjou et du Maine, et qui les expulsa. .

Les héritiers des comtes du Maine se détachèrent peu à peu du domaine de Longaulnay, dans lequel était inclus le Prieuré de La Fontaine-Saint-Martin, et le chemin connu progressivement une désaffection des têtes couronnées.

Nous avons développé, les heures de prestiges du Prieuré, mais nous ne pouvons clore sans citer les passages de Philippe III dit le Hardi ; Louis X dit le Hutin ; Charles IV dit le Bel ; Charles V dit le Sage ; qui furent tour à tour les hôtes privilégiés du Prieuré.

Charles VI reconnaît alors le roi d’Angleterre comme héritier si bien que de 1422 à 1435, la France à deux rois : Charles VII, surnommé roi de Bourges, et Henri VI d’Angleterre à Paris. Suite au nouveau découpage politique, à la victoire des Français sur les Anglais à Baugé en 1421, puis à celle de La Gravelle ( Mayenne ), Guécélard se trouve placé une seconde fois dans son histoire à une frontière, la ligne virtuelle de démarcation du royaume de France dit de Bourges, avec la zone d’influence Anglaise.

La seconde partie des hostilités de cette deuxième guerre sur notre territoire contre les anglais laissa au moins autant de ruines que la première. C’est la bataille de Formigny, le 15 mars 1450 qui libéra définitivement notre contrée des « godons » - forme francisé du juron « Good dam ».




Registre des relevés de la Cours de Comptes de 1443 à 1463 , sous Louis XI
Quelques paragraphes nous donnent de précieuses informations sur l'entretient des voies terrestres - Document des Archives Nationales de Paris



RENDEZ-VOUS AVEC L'HISTOIRE DE FRANCE,

Suite à l’assassinat du roi Henry IV, la convoi funèbre venant de Paris et se dirigeant vers le collège royal de La Flèche, après une étape à La Ferté-Bernard,

« ….passa sur le cousté du Man…( empruntèrent la déviation )…...Le « jeudi ils vindrent a Gue cela…( se déplacèrent )….. Monsieurle « comte de Negreplisse, Gouverneur, avec une belle troupe de la « noblesse, Monsieur le Lieutenant Général avec les autres officiers « de justice….. »

arrivé dans la soirée du jeudi 3 juin 1610, en l’église du Gué Ceslard, le coffret de plomb doré renfermant le cœur du roi Henri IV, reposant sur un carreau ( coussin de soie noire )

« …un grand nombre d’hommes, et de femmes de toute qualité s’en vindrent plus d’une lieue sur le grant chemin, où ils devoient passer, bordant d’un costé et d’autre. Ils versoient plus de larmes, que s’ils eussent perdu leurs plus proches et s’estime heureux de baisers ou touscher le Carreau ou reposoit ce précieux de post ; que fi quelque’un dentr’eux avoit la faveur de donner un baiser…..c’est Gue-Ceslard qu’on passa la nuit ( és églises desquels estoit mis la nuit )…… ».

Veillé par le Père Armand, provincial des Jésuites et cinq autres pères de la même compagnie, par le duc de Montbazon, Fouquet de La Varenne, et une escorte de cavaliers. Transporté dans le carrosse, celui-là même où le souverain fut assassiné. Le convoi repartit le vendredi 4 juin 1610, pour arriver à La Flèche vers 10 heures.

Un rappel des faits, suite aux événements graves de février 1614, la régente, la Reine-mère alla présenter le jeune souverain Louis XIII dans les provinces pour ranimer le loyalisme. Venant de Nantes, sur le retour vers Paris, le monarque, sa mère Marie de Médicis, une brillante escorte dont Charles de Lorraine, duc de Guise, arrivèrent le jeudi 4 septembre 1614 au château de Malicorne, où ils passèrent la nuit . Ils le quittèrent le lendemain, vendredi 5 septembre 1614, et par ce que nous appelons « la petite route de La Suze » ils traversèrent le hameau de Guécélard, pour se rendre au Mans, ils s’arrêtèrent dans les landes du Petit Bourray avant le hameau d’Arnage,

« …. dans la forest du Mans afin de voir voller l’oiseau….. »
( c’est à-dire chasser au faucon )

où ils devaient dîner avant d’atteindre Le Mans. Le samedi 6 septembre 1614, Louis XIII faisait une entrée triomphale, le vieux maréchal de Lavardin, son fils le marquis de Lavardin, et 250 nobles de la province vinrent à la rencontre du souverain

La disgrâce de la reine-mère Marie de Médicis, consécutive à la mort de Concini, maréchal d’Ancre, le lundi 14 avril 1617, eut pour conséquence, la constitution d’une opposition armée pour la reine Marie, contre le roi Louis XIII.

« …. dans la forest du Mans afin de voir voller l’oiseau….. »
( c’est à-dire chasser au faucon )

où ils devaient dîner avant d’atteindre Le Mans. Le samedi 6 septembre 1614, Louis XIII faisait une entrée triomphale, le vieux maréchal de Lavardin, son fils le marquis de Lavardin, et 250 nobles de la province vinrent à la rencontre du souverain

La disgrâce de la reine-mère Marie de Médicis, consécutive à la mort de Concini, maréchal d’Ancre, le lundi 14 avril 1617, eut pour conséquence, la constitution d’une opposition armée pour la reine Marie, contre le roi Louis XIII.



Sceau de la Maison Royale en 1615
Le roi Louis III, confiait ses lettres, ses missives à un chevaucheur - « Courrier à cheval », celui-ci la remettait en main propre à son destinataire, quelque soit l’endroit du royaume où celui-ci se trouvait. L’enveloppe était cachetée avec de la cire chaude ( rouge, verte ou marron ), sur laquelle était apposée par pression l’empreinte du motif ci-dessus - collection d'un numismate de Tours - collection d'un numismate de Tours



Mise à résidence à Angers, Marie complota, puis avec une petite armée elle quitta Angers, remontant vers Le Mans, s’empara de La Flèche, longeant par Malicorne la bordure gauche de la Sarthe, prit le château de La Suze se trouvant également sur cette même rive . De cette place forte, ses détachements de chevau-légers contrôlèrent ce côté de la rivière jusqu’à Pontlieue, où le pont était gardé par la troupe de Créquy. L’arrivée imminente du roi accompagné de Condé sema la panique, les rebelles abandonnèrent La Suze, puis La Flèche, et se retranchèrent dans Angers. Louis XIII, fit son entrée à La Suze, le 3 août 1620, où il séjourna.

En 1652, le duc de Beaufort, fils du duc de Vendôme quitte Chartres avec 4000 hommes armés, et marche vers l’Anjou. Fin février, ils sont à trois lieues de la cité Mancelle, à Saint Mars-la-Brière, puis du Mans se dirigent vers l‘Anjou, les cavaliers ravagent tout sur leur passage, semant la terreur, Angers capitule le 4 mars 1652.



AU TEMPS DES COCHES ET DE LA POSTE AUX CHEVAUX,

476, sonne le glas de l’Administration impériale Romaine, ceci entraîna la cessation de l’entretien le plus élémentaire des voies terrestres (routes et grands chemins ). Conséquence arrêt d’une circulation active charretière au VIème et VIIème siècle au profit d’une circulation par ( voies d’eau -rivières portant bateaux ), soit les rivières navigables en pleines charges. Clotaire III (584-628 ) supprime tous les tonlieux, c’est-à-dire les droits sur les marchandises transportées par terre et par eau ; qui existaient entre Seine et Loire depuis les Gaulois - Aulerques. Cette disposition aurait dû relancer le trafic, mais il n’en subsistait peu, et elle fut inefficace.

En 793, un Capitulaire de Charlemagne ( 742-814 ), prescrit la réparation des ponts et la réfection de grands axes comme Paris-Nantes par Dreux, Rémalard, Bellême, Le Mans, La Flèche. Son fils Louis Ier dit le Bon, quelquefois le Débonnaire ( 778-840 ) ordonne en 819, 823 et 830, le rétablissement des Relais pour ses envoyés coursiers sur les grands itinéraires de l’Empire, et la reconstruction des ponts entamée par son Père.

Au IXème siècle le comté du Maine placé entre l'Anjou et la Normandie, devient une très importante région stratégique en raison des invasions incessantes des bretons et des norman's ( sacandinaves ). Gauzfrid , comte du Maine de 865 à 878, fils de Rorgon 1er / Roricon gendre de Charlemagne.

Gauzfrid succéda au gouvernement du Maine à son frère aîné Rorgon II mort en 865. Il fut marquis * de Neustrie de 865 à 878. Charles II dit le Chauve, petit-fils de Charlemagne, et fils de Louis 1er dit le Pieux ; roi de la Neustrie ( France dans sa plus simple expression ), créa en 861, la " marche Normande qui s'allongeait du Mans à Rouen, et la " marche Bretonne " qui se développait sur la rive droite de la rivière Mayenne à Angers. En 865, Charles le Chauve confia la " marche Normande" à Gauzfrid, en échange de sa fidélité.

* marquis signifie " gardien d'une marche ".

Il ne faut pas oublier que conjointement au comté du Maine, il a existé du VIIIème au IXème / Xème siècles un duché du Mans ( cité dans plusieurs actes à la B.N.F. " ducatus Cenomanicus " ), qui fut l'apanage de plusieurs princes de sang Carolingiens *

* Ils furent ducs du Mans : Griffon, demi-frère de Charles le Chauve ; Louis II dit le Bègue - roi des Francs de 877 à 879, fils de Charles le Chauve ; Ragenold tué en 885, est cité dans deux actes " Ragnoldus dux Cinnomanicus ", allié au comte de Poitiers , Ramnulf II il bat les norman's à la bataille de Brillac.

Selon plusieurs documents existants à la B.N.F. et aux A.N. de Paris, et aux A.D. 76, 72, 49, et 27, la lecture de la Chronique des Ducs de Normandie ( 3 V. ), et des Annales du comté d’Anjou, on peut dire que du VIIIème siècle à la deuxième moitié du XIème, le « Chemin médieval » , connu dans la Sarthe sous la dénomination de « Chemin Mansais » reliant Rouen à Angers, via Évreux, Le Mans, La Flèche ; a été au centre d’une activité militaire, économique et politique intense.

Ce chemin utilisé en 1025 jusqu'à La Flèche, par Herbert 1er dit Eveille-chien, comte du Maine en 1014, fils de Hugue III, comte du Maine mort en 1014 ; pour se rendre à l'invitation " traquenard "du comte d'Anjou Foulque III dit Nerra, à Sainte. A la lueur des documents existants, tout laisse supposer que l'état du chemin était suffisamment bon pour permettre à Herbert 1er, sa suite, son escorte et les chariots d'accompagnement de circuler facilement.


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Orderic Vital, moine de l’abbaye-de Saint-Evroult, l’un des plus importants et des plus éminents Historien du Moyen Âge, nous informe sur la nécessité pratiquement permanente du comte du Maine Herbert Ier dit Eveille-Chien, fils de Hugue III, de résister aux incursions angevines, en direction du Mans - document personnel - photo A.G.



L'affaiblissement du pouvoir royal permit à Herbert 1er dit Eveille-Chien de battre sa propre monnaie, et d'accroître son pouvoir personnel.
Denier Mansais en argent frappé entre 1015 et 1020 - collection d'un numismate de Tours

Au XIème siècle et surtout au XIIème siècle le réchauffement de la température, provoque un très net radoucissement du climat. L’attelage en file se généralise, l’utilisation du collier d’épaule favorise l’évolution des véhicules, la ferrure des chevaux améliore les transports au détriment de la traction par bœufs, de ce fait les transports sont beaucoup plus rapides. Conjointement, les prairies naturelles avec le climat deviennent plus riche, le croisement par sélection débouchent inéluctablement sur des animaux plus forts, plus robustes : des races apparaissent le Boulonnais, le Percheron.


Vers le Xème siècle et jusqu’au XIIIème le chemin n’était pas une voie déserte, Georges Duby, nous apprend qu’à partir de 980 , pendant la période dénommée : Optimum climatique,

« …..une foule indéfinissable circule sur le grand chemin : vagabonds, filles publiques chassées des villes, trafiquants en tous genres, repris de justice à l’affût d’un bon coup, déserteurs.....mais aussi des moines, des religieux, des marchands et colporteurs divers…avec leurs animaux et leurs véhicules chargés de marchandises. De nombreux cavaliers, et des voitures rapides se déplaçaient également dans les deux sens entre Le Mans et Angers, mais aussi entre Le Mans et Evreux et Rouen......».



Du XVIème au XVIIIème siècles il y eut plusieurs auberges qui se sont succédées, dont les noms sont cités dans des Chroniques de l’époque, et dans un ordre chronologique….



extrait de" Au temps des Malles-Poste et des Diligences - éditions Jean-Pierre Gyss - Voiture de messagerie en 1600, dessin de J.-C. Ginzrot représente un " Cabas " -
C'est un véhicule rudimentaire composé d'une caisse en bois habillée d' osier tressé. Les voyageurs au nombre de huit sont assis sur deux banquettes dans le sens de la longueur, le long des parois. Ils sont protégés par un toit, et des rideaux de cuir, qu'ils pouvaient baisser ou relever selon la nécessité. Les bagages étaient placés dans des corbeilles à l'avant et à l'arrière. Les chevaux étaient attelés par deux à unn timon composé d'une flèche.


La Poste aux chevaux, selon Paul Charbon fait son apparition en France, vers la fin du XVème siècle. C’est une entreprise destinée à mettre à la disposition du public des chevaux et certains services, comme la Poste aux lettres. Ce n’est pas une activité chargée de la location de montures. La base fondamentale, se nomme : la Poste aux chevaux, déterminé par le : Relais.

C’est Louis XII ( 1462-1515 ), qui, en 1505, met la Poste aux chevaux, qui existait depuis la fin du XIVème siècle, à la disposition du public. François Ier (1494-1541 ) donne un nouvel élan et développe ce service. Un tarif est établi, « la Poste » , devient une unité de calcul pour la distance entre deux Relais : ainsi il en coûtera 15 sols tournois par poste et par chevaux. Sous Henri III ( 1551-1589 ), en 1584 le nombre des Maîtres de Poste est de 252. Les Relais sont installes sur neuf routes, dont Paris-Nantes.

Par lettres-patentes le 10 octobre 1575, Henri III, autorise l’installation et le fonctionnement de coches par terre et par eau pour le transport des voyageurs et des bagages. Le Tiers Etat, aux Etats Généraux de Blois en 1576, réclame en vain la libre circulation des coches et des chariots da ns tout le royaume.

Ainsi, François Ier ( 1494-1541 ), accompagné de la Reine Eléonore d’Hadsbourg ou d’ Autriche ( 1498-1558 ), et du Dauphin ( François III de France, connu également sous le nom de François de Bretagne - 1518-1536 ), voyagent dans le royaume de France : l‘Anjou est très prisé. Ils ne sont pas les seuls à se déplacer. De plus en plus de voitures particulières de hauts personnages, ou de plus simples seigneurs circulent, de même que de très nombreux chariots lents tirés par des attelages de bovins, de charrettes, de coches, et autres par des chevaux. S’ajoutent de nombreux cavaliers et piétons.

La voie dite royale de Paris à Nantes par Dreux, Châteauneuf-en-Thymerais, Rémalard, Bellême, Bonnétable, Angers connaît un regain de trafic. En 1552, des lettres patentes de Henri II ( 1519-1559 ), ordonnent des alignements d’arbres, de préférence des ormes, pour fournir le bois indispensable à la fabrication d’affûts de canons d’artillerie.

En 1552, Charles Estienne ( 1504-1564 ), édite le Ier Guide routier français ( Le Guide des Chemins de France - A.N. et B.N.F.de Paris ), sur lequel le « Grand Chemin Français figure. En 1599, est créé l’Office du Grand voyer de France, qui est confié à Maximilien de Béthune, duc de Sully ( 1560-1641 ), qui a en charge la réfection et l’entretien des ponts et chemins-routes du Royaume de France.
d’abord vers XVIème siècle et XVIIème apparaissent : l’Ecu de France - le Point du Jour et les Trois rois, puis le Plat d’Etain, enfin au XlXème siècle le Dauphin .

Henri IV, s’efforce d’établir des Relais sur de nombreuses autres routes, mais cela coûte très cher aux finances royales : 13.304 livres tournois/an. Le projet est abandonné en 1602. Le Béarnais, est confronté dès son avènement à des plaintes sur les multiples abus sur le fonctionnement des coches et des transports. En avril 1594, il organise un contrôle en créant le service des Surintendants, Commissaires et Contrôleurs généraux. Le 12 mai 1595, un édit règlemente cette profession.

Le 26 juillet 1623, le Parlement de Paris, prend Arrêté pour réglementer les entreprises des coches et carrosses publics

De l’assassinat d’Henri IV ( 1553-1610 ), au remplacement en 1661, de Nicolas Fouquet ( 1615-1680 ), par Jean-Baptiste Colbert ( 1619-1683 ), l’état des finances royales ne permet pas l’entretien des routes. On peut mentionner un texte 1624, qui réglemente la longueur des essieux des chariots et des charrettes, pour faciliter le croisement sur les routes étroites, pour éviter la dégradation des accotements. Il faut signaler en 1631, par Pierre Vernier ( 1580-1617 ) du dispositif de mesure linéaire et circulaire qui porte son nom.

Pour développer le commerce, et faciliter les relations entre tous les points du royaume Louis XIV ( 1638_1715 ), veut la création de bonnes et solides voies de communication.

Lorsque Louvois en 1668, prend en main le destin de la Poste aux chevaux, il confirme et accentue les privilèges des exemptions dont bénéficient les Maîtres de Poste.

En 1676, la ferme des Messageries Royales est constituée. En 1678, deux ans plus tard, un règlement définit très exactement les fonctions des Maîtres de carrosses, ceux de coches, des voituriers, des rouliers et autres conducteurs de véhicules de tous types, et ceux des messagers.

C’est ainsi que sera voulu, décidé, puis construite en 1767 : la grande route royale de Paris à Nantes, par Charres, Nogent-le-Rotrou, La Ferté-Bernard, Le Mans, La Flèche, Angers, Ancenis. Colbert se subventionnera la remise en état de nombreuses voies terrestres, dont certaines portions du « Chemins Mansais » , tandis que d’autres seront purement et simplement abandonnées, et destinées à redevenir en friches.

Il limitera les charges sur le routage en certains endroits, et s’opposera à la création de péages, et supprimera de nombreux, ainsi qu’au recours à la corvée. Un arrêt de 1683, la limite à douze jours de travail par an.

Louis XIV et Colbert commandent à La Hire ( 1660-1718 ), géographe royal, une cartographie complète du royaume.

En 1750, l’Assemblée des Ponts et Chaussées se préoccupe d’aspects de plus en plus techniques de la construction et de la réfection des chaussées : les épaisseurs et la composition du revêtement, le bombement pour faciliter l’écoulement des eaux de pluie, la pente maximale des profils en long.

C’est dans les dernières décennies du XVIIème siècle, et pendant la première moitié du XVIIIème, que le « Chemin Mansais » subira ses plus grandes transformations, de nouveaux tronçons seront mis en service, prélude à la construction et à la mise en service de la « Grande route royale n°26 » .

Vers la première moitié du XIXème siècle à Guécélard, on trouve cité, dans de nombreux actes et textes : le Gué de Célard ou le Gué de Ceslard, bien avant le " Grand bourg de Gucélard....etc...On découvre l'existence d'auberges, de tavernes, de relais comme : le Plat d’Etain - le Point du Jour, les Trois rois, le Pigeon Blanc, le Coq Hardi. Au XIXème siècle, le fils de l’un épouse la fille de l’autre et devient potier. Le Soleil d’Or et La Croix d’Or apparaissent, puis ferment avec la réalisation du Chemin de Fer de la Compagnies de l’Ouest .

Un relais de la « Malle-poste » dénommé la Croix Blanche, qui semble avoir cessé son activité vers la moitié du XIXème siècle.

Des Annuaires de la Sarthe, nous informent, qu’une liaison par carrosse existait en 1756, partant d’Angers tous les mercredis, via La Flèche, elle arrivait au Mans le jeudi soir, la même source, nous apprend qu’une diligence assurait ce service en 1775 ; elle repartait pour Paris le vendredi midi, et parvenait à destination le mardi en été, et le mercredi en hiver.

C’est sous le règne de Louis XIII, que les premières voitures de louage apparurent dans des textes concernant notre hameau,



dessin de Maurice Lenoir - extrait de" Au temps des Malles-Poste et des Diligences - éditions Jean-Pierre Gyss
On pourrait écrire : ultime embarquement pour Le Mans - Angers - Nantes dans une voiture



« …..celle du Mans à La Flèche, était dénommée « La Foudre » en 1727, un carrosse faisait chaque semaine le service Le Mans - La Flèche - Angers. Le rythme des voyages était hebdomadaire, la durée : 4 jours en été, 4 jours et demi en hiver, il en coûtait 21 livres.
Le coche fut remplacé en 1737, par une voiture plus confortable - suspendue et couverte. Elle faisait une lieue à l’heure ( 4 km ), et l’étape d’une journée couvrait 10 lieues ».

En 1855, Touchard de l’auberge du Lion d’Or, en était le messager.

Découlant de la même source, en 1758, 1759 et 1760
« le sieur Poirier, messager à Rouen, effectuait un service régulier : départ de Caen, tous les mercredis, par Falaise, Argentan, Sées, Alençon, arrivait au Mans tous les mardis, logé au « Saumont » , et repartait pour La Flèche, Angers, tous les samedis ».

Le relais de poste ( poste aux chevaux ), avec l’ouverture de la grande route au trafic fut installé au Point du Jour, desservi par plusieurs diligences ( la berline du Commerce, la berline de l’Espérance, la voiture de Nanteuil. Deux seulement survécurent au XIXème siècle, l’une appelée : de La Flèche au Mans, passe tous les jours à 8h ½ le matin, et repasse le soir à 17 heures ; l’ autre dite : de Foulletourte au Mans ne circule que le lundi et le vendredi aux mêmes heures.


Il est vraisemblable qu'une enseigne ressemblant à celle présentée ci-dessus soit fixée au pilier en maçonnerie du grand portail de la vaste cour du " Relais de la Poste aux chevaux de Guécélard " situé à proximité de la " Croix Blanche ", à gauche en bordure du " Chemin Mansais ", cité dans des actes vers le XVIIème siècle, " Grand chemin du Mans à Angers " ou quelquefois " Vieux chemin du Mans à La Flèche
- document extrait de" Au temps des Malles-Poste et des Diligences - éditions Jean-Pierre Gyss




document extrait de" Au temps des Malles-Poste et des Diligences - éditions Jean-Pierre Gyss
Entrée d'un " Relais de la Poste aux chevaux " au XVIIIème siècle, on distingue le postillon, qui a abandonné ses bottes pour soigner ses chevaux.



En conclusion , parce qu'il faut bien conclure pour apposer un point final......
Ce chemin parfaitement ignoré, complètement méconnu parce oublié, appartient à notre patrimoine. C'est un héritage historique que tous les résidents des communes traversées ont en commun.
Il est notre lien, après avoir été pendant 5 siècles le " cordon ombilical " du peuple des Aulerques.
Si il est devenu romain, par le fait de l'occupation de la Gaule, il n'en est pas moins Gaulois dans la majorité de son parcours, avec de longs tronçons remontant au moins au " Bronze moyen".
Son antiquité est validée, son authenticité est archéologiquement reconnue.
Il mériterait une réhabilitation...?




mise à jour le 27 mars 2012 -A.G.

ce texte a été intégralement extrait d'un ouvrage de 164 pages - A.4 - 90 gr.
" UN CHEMIN NOMME : MANSAIS "
5 exemplaires en cours de dépôts légaux et copyright

Dans la même collection,

      * - GUECELARD - HISTOIRE & PATRIMOINE - Lexique
           analysé du «  Parler de nos Aïeux» - 3 parties
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      * - GUECELARD - NOMS & LIEUX - Glossaire raisonné 
            - 2 parties.

           www.gbcxjarrier.blogspot.fr

      * - GUECELARD - ENCYCLOPEDIE - Analytique & 
           Lexicographique
           www.gbcx41.blogspot.com

2 commentaires:

  1. C'est passionnant.
    Bravo pour ce beau travail!

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  2. Excellent travail, je suis admiratif devant vos recherches. Un seul mot BRAVO
    Mr Busson
    le 15/09/2017

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